Le projet de recherche est dirigé par Eknoor Walia, une étudiante de cycle supérieur de la Faculté de médecine de l’Université d’Ottawa, qui collabore étroitement avec le professeur Tommy Alain, scientifique principal à l’Institut de recherche du CHEO, et d’autres spécialistes de recherche.
L’immunisation en question repose sur le virus respiratoire entérique orphelin (réovirus), connu pour sa capacité à infecter des cellules cancéreuses en épargnant les cellules saines. En utilisant le réovirus comme vecteur viral, il est possible d’« entraîner » le système immunitaire à identifier et à détruire des cellules cancéreuses. Ce type de virus est souvent exploité dans les essais cliniques sur le cancer, mais c’est la première fois qu’une telle méthode est employée.
« Si l’immunisation par réovirus se révèle prometteuse dans le traitement du neuroblastome, nous espérons pouvoir le mettre à l’épreuve contre d’autres cancers, commente Eknoor Walia. Si nous parvenons à élargir l’arsenal thérapeutique contre le cancer, alors nous aurons plus de choix de traitement à proposer aux personnes touchées, surtout en cas de récidive. »
Son équipe a opté pour un médicament par administration orale, de manière à ce que le traitement soit moins invasif et plus agréable par rapport aux modes d’administration classiques, soit les injections intraveineuses et intratumorales. Cette approche novatrice est d’autant plus importante que la grande majorité des neuroblastomes affectent des enfants.
L’immunisation sera administrée conjointement à d’autres traitements, par exemple une immunothérapie. L’immunothérapie prépare le système immunitaire à réagir rapidement en présence de cellules cancéreuses, qui adoptent elles-mêmes d’inquiétantes stratégies d’évitement. Ensemble, les deux traitements peuvent aider l’organisme à combattre ces cellules cancéreuses.
Le neuroblastome est parfois difficile à traiter, car il prend différentes formes chez l’enfant. Il se développe dans des cellules nerveuses immatures qui peuvent se trouver n’importe où dans le système nerveux sympathique, et peut métastaser et se répandre dans d’autres parties du corps.
Chez les enfants, les traitements de référence sont la chimiothérapie et l’intervention chirurgicale. Or, pour ceux qui présentent un risque intermédiaire à élevé, ces choix entraînent souvent une rechute, pour des taux de survie parfois aussi faibles que 10 %. L’étape de recherche n’en est qu’à ses débuts, mais cette immunisation pourrait nous donner l’espoir de guérir un des cancers pédiatriques les plus fréquents.
Le réovirus se révèle prometteur dans le futur de la lutte contre le cancer
« Nous sommes très enthousiastes vis-à-vis du potentiel du réovirus – en tant que traitement révolutionnaire d’un cancer pédiatrique extrêmement fréquent, mais aussi parce que ce traitement pourrait redéfinir la manière dont on prévient et traite le cancer en général, explique le professeur Alain, dont le laboratoire, à l’Institut de recherche du CHEO, se concentre principalement sur ce fléau. En combinant des traitements de pointe comme celui-ci avec l’arsenal thérapeutique existant, nous tentons d’améliorer les résultats cliniques et d’offrir un nouvel espoir aux personnes qui en ont le plus besoin. »
Son laboratoire a mis à l’essai et confirmé l’efficacité du réovirus dans le traitement du cancer du côlon chez la souris, un véritable précédent pour enquêter sur la capacité du virus à changer notre compréhension de la prévention et du traitement du cancer.
En plus de superviser les travaux d’Eknoor Walia, le professeur Alain est également chercheur principal sur un projet qui vise à créer une immunisation par réovirus administré par voie orale pour éliminer les cellules cancéreuses dans l’appareil digestif, prévenir l’évolution du cancer dans le côlon et renforcer le système immunitaire contre le cancer. Ce projet est financé par les Instituts de recherche en santé du Canada.
Demandes médias : [email protected]