L’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa et l’Université d’Ottawa ont aidé à la création de la chaire par le truchement du programme de chaires de recherche clinique de la Faculté de médecine. La chaire a aussi reçu l’appui généreux du Département de médecine et de la collectivité par l’intermédiaire de la Fondation de l’Hôpital d’Ottawa.
Dans ces importantes nouvelles fonctions, épaulé par son équipe de chercheurs, le Dr MacPherson cherchera à combler des lacunes du système de santé pour les hommes gais.
« Notre démarche aura deux volets. D’une part, nous sensibiliserons les professionnels de la santé à tous les besoins de santé des hommes gais et d’autre part, nous créerons des programmes cliniques qui tiennent compte des hommes gais et de leurs besoins, explique le Dr MacPherson. De plus, nous consulterons les membres de la communauté gaie et nous les rassurerons sur la prise en charge de ses problèmes. »
« Je veux rendre les soins plus accessibles et pertinents pour les hommes gais. Et je veux démystifier la santé des hommes gais pour les professionnels de la santé. »
Le Dr Paul MacPherson
— Chaire de recherche clinique en santé des hommes gai
Un jalon pour la santé des hommes gais
Comme chercheur et homme gai, le Dr Paul MacPherson sait trop bien à quels préjugés les hommes gais se butent souvent dans le système de santé. Il a dédié une grande partie de sa carrière à éliminer ces obstacles en sensibilisant les professionnels de la santé aux besoins uniques des hommes gais lorsqu’il s’agit de soins de santé.
« Je veux rendre les soins plus accessibles et pertinents pour les hommes gais », dit le médecin-scientifique du Programme d’épidémiologie clinique à L’Hôpital d’Ottawa. « Et je veux démystifier la santé des hommes gais pour les professionnels de la santé. »
Un sondage révèle d’importantes lacunes
Le Dr MacPherson a sondé des hommes gais d’Ottawa afin de connaître les nombreuses difficultés qu’ils éprouvent lorsqu’ils veulent recevoir des soins de qualité.
« À Ottawa, un quart des hommes gais ne divulguent pas leur orientation sexuelle à leurs professionnels de la santé. Et dans les villes en périphérie, nous parlons de 50 %, signale-t-il. Ils ont peur des réactions qu’ils recevront. Voilà une immense barrière à l’obtention de soins. »
« Nous avons découvert que les professionnels de la santé faisaient chez ces hommes le dépistage de troubles comme le diabète, les maladies cardiaques et l’hypertension artérielle. Mais, ne sachant peut-être pas que leur patient était gai ou ne connaissant peut-être pas les besoins de santé des hommes gais, ils ne s’occupaient pas de la santé mentale ni de problèmes sexuels comme l’insatisfaction et l’anxiété. Toutes ces choses passaient inaperçues. »
La santé mentale et la santé sexuelle dans la mire
Inspiré par ce sondage et des échanges avec des patients gais, le Dr MacPherson veut accorder la priorité à la santé mentale et à la santé sexuelle.
« Parmi les hommes gais sondés, nous avons remarqué des taux élevés de dépression et d’anxiété, explique-t-il. Chez les hommes gais, 17 % à Ottawa et 24 % dans la province ont des symptômes de dépression. En tout, 16 % ont signalé avoir été victimes de maltraitance pendant leur enfance et 35 %, avoir subi des sévices corporels (coups de pied, gifles ou coups de poing) de la part d’un membre de leur famille. Ce sont des statistiques de santé mentale très troublantes et nous devons faire quelque chose. Nous devons trouver des façons d’aider les hommes à parler de ces problèmes et leur offrir des programmes pouvant les aider à récupérer et à s’adapter. »
Ces problèmes de santé mentale non résolus peuvent aussi affecter la santé sexuelle. « Selon nos données, 24 % des hommes gais trouvent aux moins la moitié de leurs relations sexuelles stressantes, dit-il. Nous devons faire en sorte que la relation sexuelle soit plus satisfaisante et procure plus de plaisir. »
Les programmes de santé sexuelle pour les hommes gais tendent à outrepasser les aspects émotionnels de la relation sexuelle et à mettre l’accent uniquement sur les MTS et la réduction et le traitement du VIH. Le Dr MacPherson veut que les professionnels de la santé aient une approche plus globale, ce qui exigera d’eux de prendre le temps de parler à fond avec leurs patients. »
« Rares sont les médecins et les infirmières qui sont à l’aise de parler de relations sexuelles entre hommes d’une manière utile aux patients, dit-il. Nous devons les aider à devenir plus à l’aise. Nous devons leur donner beaucoup de formation. En ce moment, nous élaborons à l’intention des fournisseurs de soins primaires un guide complet sur les soins à offrir aux hommes gais. Nous voulons qu’ils sachent à quoi penser et quoi chercher. »
Un modèle pour la santé des minorités à Ottawa et ailleurs
Le Dr MacPherson souhaite améliorer les choses pour les hommes gais qui vivent à Ottawa et inspirer les professionnels de la santé de tout le pays à adopter des programmes semblables.
« J’espère établir une norme et créer un modèle pour surmonter les barrières auxquelles se butent d’autres minorités, affirme-t-il. Et je ne parle pas uniquement de minorités sexuelles. À part les lesbiennes et les personnes trans, il y a les réfugiés et les personnes qui vivent dans la pauvreté. Ces personnes font face à leurs propres barrières, que nous devons aussi tenter de faire tomber. »