Nous, dirigeantes et dirigeants de plus de 50 établissements d’enseignement supérieur répartis sur cinq continents et membres de l’Alliance U7+ des universités mondiales, avons à coeur de répondre aux enjeux mondiaux. Nous voulons travailler avec les leaders du G7 au développement d’une IA qui profitera aux sociétés du monde entier.
Notre alliance est formée d’universités des États membres du G7 et de 12 pays de l’hémisphère Sud. Nous croyons à la multitude des points de vue et des cultures comme trame de fond pour la collaboration. Nous sommes là où se croisent les générations, où naissent les savoirs et où se dessinent des visions d’avenir audacieuses.
Le grand rôle des universités en matière d’innovations en IA
Les universités contribuent substantiellement au succès de la transformation numérique dans tous les secteurs de l’économie et dans la société en général. Elles sont au coeur même de la formation d’une main-d’oeuvre hautement qualifiée et de la découverte de solutions novatrices fondées sur la recherche. Devant la progression rapide des technologies d’IA, les universités – à titre d’établissements indépendants guidés par la recherche, l’enseignement et le service aux communautés – peuvent aider les gouvernements à composer avec ce changement radical et le contexte politique actuel toujours plus incertain. Au sein de leurs vastes réseaux multidisciplinaires, des spécialistes ont les compétences nécessaires pour orienter les décisionnaires sur tous les aspects de l’IA, comme la technologie en tant que telle, ses ramifications et répercussions socioéconomiques, ainsi que ses principes de gouvernance. Il est impératif de maintenir la collaboration entre les universitaires qui se spécialisent en IA, les gouvernements et le secteur privé pour faire le meilleur usage qui soit des technologies d’IA et atténuer certains des risques anticipés, par exemple en trouvant de nouvelles façons d’accroître l’efficacité énergétique de ces technologies.
De nombreuses figures de proue du développement de l’IA viennent d’universités de l’Alliance U7+, et nous sommes le point d’ancrage de bien des endroits où ont été développés originalement les algorithmes et les outils utilisés pour la création de produits commerciaux d’IA générative. Compte tenu de cette expertise, nous avons la capacité de travailler efficacement avec les gouvernements du G7 et d’autres partenaires au développement d’un écosystème plus inclusif où former et soutenir la prochaine génération de leaders en IA.
L’utilisation grandissante de l’IA génère des améliorations, y compris des possibilités de répondre rapidement et efficacement aux enjeux mondiaux dans certaines sphères, comme les changements climatiques, la santé, la transition énergétique, l’intégrité des institutions démocratiques et l’avenir du travail. En vue d’exploiter ces possibilités, nous souhaitons mettre en place un vaste écosystème
d’entreprises novatrices en IA dans le monde entier. Les universités – et les jeunes entreprises qui souvent naissent grâce à elles – doivent occuper une place prépondérante dans ce genre d’écosystème d’innovation dynamique. Les gouvernements ont ici le rôle crucial de soutenir les universités au moyen d’investissements dans le développement, le déploiement et l’adoption de l’IA.
L’influence de l’IA sur la nature même du travail et le marché du travail est sans précédent. Les gouvernements doivent composer avec une transformation profonde des modèles d’emploi et des exigences de qualification dans tous les secteurs en raison de l’intégration de l’IA dans les milieux de travail. Ce phénomène continuera d’apporter son lot de défis, que les gouvernements devront surmonter pour garantir l’égalité des chances et assurer la qualité de vie et le bien-être de tous et toutes. La grande expertise de nos établissements en enseignement et leurs infrastructures actuelles peuvent aider les gouvernements à élaborer des stratégies efficaces d’adoption de l’IA dans toutes les sphères d’activité et à faciliter la préparation des travailleurs et travailleuses grâce à des programmes d’amélioration des compétences et de requalification dans les secteurs public et privé.
Le succès du déploiement de l’IA dépend du niveau de confiance des gens en sa capacité de leur procurer ses avantages en toute sécurité. Voilà qui met en relief la nécessité d’élaborer une approche équilibrée en matière de gouvernance de l’IA, c’est-à-dire qui encourage l’innovation d’une part et qui assure la sécurité et la sûreté d’autre part. Le rapport international sur la sécurité de l’IA (2025) fait état d’une compréhension scientifique internationale commune des risques découlant de l’IA avancée et des méthodes pour les gérer.
La propagation de la désinformation, ce qui inclut la création d’hypertrucages, continuera d’avoir des effets pervers sur les sociétés, notamment en période électorale, ce qui générera encore plus de fausses informations et perturbera les débats politiques. De plus, si on utilise incorrectement les technologies d’IA, comme les grands modèles de langage, afin de prendre des décisions dans des domaines importants (justice, soins de santé, bien-être social, etc.) sans toutefois bien comprendre leurs fonctionnalités, on risque de saper la confiance du public envers les autorités et les décisionnaires. Dans ce contexte, nos établissements peuvent jouer un rôle crucial : orienter l’élaboration de lignes directrices claires pour gérer les risques des technologies d’IA (tout en conciliant la nécessité d’innover) et la création de règlements qui assureront leur utilisation sécuritaire.
En tant qu’alliance d’universités des pays du Nord comme du Sud, nous voulons nous attaquer rapidement au fossé grandissant creusé par l’IA qui divise le monde. L’IA a le potentiel extraordinaire de répondre aux besoins locaux, dans le respect de la diversité des valeurs, des cultures, des langues et des territoires de compétence. Il existe actuellement des écarts dans les concentrations de talents qualifiés, ce qui élargit aussi cette division mondiale en recherche et développement dans le domaine de l’IA. Pour combler le fossé, nous nous sommes donné comme priorités de renforcer et de soutenir les collaborations universitaires Nord-Sud, de mettre sur pied des programmes de renforcement des capacités et de permettre la création de programmes d’échanges étudiants en IA. Nous bâtirons ainsi un solide écosystème de l’IA où l’innovation et les nouvelles technologies pourront émerger au service des marchés locaux et mondiaux. En raison de leur mission première d’enseignement et de recherche à l’échelle nationale et internationale, et par une gestion prudemment des conflits d’intérêts, nos universités entretiennent des relations de collaboration constructives avec les secteurs public et privé, y compris les géants des technologies d’IA. Nous sommes donc des points de liaison essentiels qui contribuent à créer des écosystèmes de l’IA équitables et plus solides au bénéfice des nations du monde.
Engagements des membres de l’Alliance U7+
Les membres de l’Alliance U7+ s’engagent à continuer de mettre à jour et moderniser les programmes de formation pour toutes leurs cohortes étudiantes, et pas seulement celles qui participent au développement de l’IA, afin de les conscientiser aux nouvelles possibilités d’application des technologies d’IA ainsi qu’aux risques que présente l’IA en général. Ensemble, nous nous engageons à mettre en commun nos cours et nos pratiques exemplaires en vue de tirer parti des forces de notre réseau mondial.
L’Alliance U7+ regroupe des membres des pays du Nord et du Sud. Nous nous engageons donc à travailler tous ensemble à la création d’occasions qui permettront à toutes les universités de nos réseaux d’accéder plus facilement à la formation, aux technologies et aux connaissances en IA dans le but d’encourager l’innovation au service de toutes les nations.
Les membres de l’Alliance U7+ s’engagent à jouer un rôle d’intermédiaire de confiance auprès de tous les ordres de gouvernement en utilisant leur expertise en recherche et en formation pour concevoir des programmes qui amélioreront la compréhension qu’ont les gouvernements de l’IA et de ses possibilités. En créant des programmes sur mesure, les universités peuvent former les fonctionnaires sur les occasions d’innover et d’accroître l’efficacité des processus gouvernementaux. Qui plus est, par leur collaboration avec les gouvernements, elles peuvent contribuer à atténuer les risques planant sur les processus démocratiques et sur le bien-être et les droits individuels et collectifs en prodiguant des conseils sur les politiques et les cadres juridiques appropriés.
L’Alliance U7+ continuera de jouer un rôle primordial dans le développement responsable de l’IA en encourageant l’innovation et en créant des occasions de mettre au point des technologies qui favorisent la santé des personnes et des populations, la durabilité environnementale et la prospérité socioéconomique, tout en surveillant leur adoption et leur mise en oeuvre pour assurer des retombées concrètes et équitables.
Recommandations au G7 et aux autres gouvernements
Travailler avec l’Alliance U7+ en vue de créer un réseau interdisciplinaire d’universitaires de l’U7+ et de décisionnaires qui collaborent à la gouvernance de l’IA. Ce consortium serait un organe consultatif de confiance qui tire parti des connaissances d’universités de premier plan du monde entier pour jouer deux rôles interconnectés. Premièrement, il soutiendrait les décisionnaires et les organismes gouvernementaux dans l’adoption des technologies d’IA. Deuxièmement, il se pencherait sur la sécurité et la sûreté de l’IA et travaillerait en étroite collaboration avec le nouveau réseau d’instituts hybrides/du secteur public spécialisés en la matière.
Faciliter la création d’un outil d’interface pour la recherche et la gouvernance dans le domaine de l’IA. Mettre en place un portail fiable servant à mettre en commun des ressources crédibles et exactes de recherche et de gouvernance dans le domaine de l’IA afin de faciliter la prise de décisions par les responsables des politiques. Ce portail remédiera à la fragmentation actuelle des initiatives en offrant aux autorités publiques un point d’accès et de vérification unique. En aidant les gouvernements à trouver les ressources importantes qu’ils cherchent, il accroîtra la transparence, inspirera la confiance et permettra aux décisionnaires d’accéder aux dernières connaissances découlant de la recherche sur les implications éthiques, juridiques et sociétales de l’IA.
En tant que gouvernements, créer des mécanismes de financement de l’innovation inclusive grâce à une meilleure collaboration Nord-Sud en matière de formation sur l’IA, de transfert des connaissances, de plateformes partagées et de développement de nouvelles technologies.
- Ce communiqué a été rédigé par un groupe interdisciplinaire d’universitaires formant le groupe de travail U7+ Le rôle des universités dans la gouvernance de l’IA, présidé par la professeure Valérie Amiraux (Université de Montréal) et la professeure Lamiae Azizi (Université Mohammed VI Polytechnique).
Membres :
Florian-Martin Bariteau (Université d’Ottawa)
Godefroy De Boiscuille (Université Côte d’Azur)
Céline Casters-Renard (Université d’Ottawa)
Julie Charpenet (Université Côte d’Azur)
Benoit Dupont (Université de Montréal)
Jean-François Gagné (Université de Montréal)
Juan David Gutiérrez (Université des Andes)
Dirk Hovy (Université Bocconi)
Naoto Ikegai (Université Hitotsubashi)
Atsuo Kishimoto (University d’Osaka)
Stuart King (Université d’Édimbourg)
Mouhamadou Lamine Ba (Université Cheikh Anta Diop)
Pierre Larouche (Université de Montréal)
Lydia Morlet (Université Paris Cité)
Ranjith Padinhateeri (Institut indien de technologie de Bombay)
Naohiro Shichijo (Université Hitotsubashi)
Marina Teller (Université Côte d’Azur)
Tania Saba (Université de Montréal)
Idrissa Sarr (Université Cheikh Anta Diop)
Jonathan Shock (Université de Cape Town)