Le mois dernier, avec douze autres étudiantes et étudiants, Michelle Liu a été nommée boursière de la Fondation Pierre Elliott Trudeau 2022, l’une des distinctions les plus prestigieuses au Canada. « Ces chercheuses et chercheurs interdisciplinaires et engagés dans la communauté se sont distingués par leur leadership audacieux et se sont montrés enthousiastes à l’idée de se lancer dans une nouvelle aventure de leadership engagé avec la Fondation. Ils et elles font preuve d’un esprit critique et d’une ouverture à une pluralité de perspectives qui peuvent nourrir de nouvelles visions sur des enjeux contemporains. » (Fondation Pierre Elliott Trudeau)
Michelle Liu s’intéresse à la question de l’équité, de la diversité et de l’inclusion (EDI) dans le domaine du génie. Elle est la première personne à l’Université d’Ottawa à poursuivre en même temps un doctorat en génie et un Juris Doctor. Ce double point de vue se reflète dans ses travaux universitaires novateurs axés sur l’EDI.
La bourse de la Fondation Trudeau rend hommage à ses idées et à ses recherches. En effet, la voie qu’elle ouvre dans le domaine du génie stimule aussi le changement dans d’autres sphères de la société.
Une recherche d’avant-garde
Partant du principe que l’EDI pose un réel problème dans le milieu du génie, Michelle Liu entend redéfinir le rôle des ingénieures et ingénieurs dans la promotion de l’équité, de l’inclusion et de la justice sociale. « Les membres de la profession ont le devoir de servir les intérêts d’un public diversifié, et doivent donc placer l’EDI au cœur de leur travail », déclare-t-elle avec toute la passion qui l’anime.
Elle cherche à mettre au jour les obstacles et les conditions favorables au changement culturel dans la profession. Outre les pratiques et la responsabilité des ingénieures et ingénieurs, elle examine également sous l’angle de l’équité les normes qui régissent leur travail, notamment le Code national du bâtiment.
« Les membres de la profession ont le devoir de servir les intérêts d’un public diversifié, et doivent donc placer l’EDI au cœur de leur travail. »
Michelle Liu (she/her)
— PhD in Civil Engineering
La doctorante en génie s’attaque à un sujet de taille, habituellement traité dans la recherche en sciences sociales. Malgré une prise de conscience des inégalités dans les sphères sociales du génie ces dernières années, dans les faits, les hommes dominent toujours dans les STIM. Michelle Liu, qui se définit comme une femme queer et racisée, s’est souvent sentie exclue dans son milieu universitaire et dans son milieu de travail en raison de ses identités. D’ailleurs, les codes de conduite et d’éthique qui s’appliquent à la profession dans la plupart des provinces font rarement cas de la responsabilité des ingénieures et ingénieurs en matière d’EDI.
En tant que membre des communautés du droit et du génie, la chercheuse espère, grâce à son approche multidisciplinaire, sensibiliser davantage à ce problème et ouvrir la voie aux générations futures. « Je veux, par ma présence dans des milieux importants, faire bouger les choses pour celles et ceux qui me succéderont », soutient-elle.
La force du mentorat
Le parcours de Michelle Liu met aussi en relief l’importance cruciale du mentorat et de l’émancipation, surtout pour les membres des groupes sous-représentés en génie. C’est avec une fierté non dissimulée qu’elle parle de ses codirectrices, Beatriz Martin-Perez, de la Faculté de génie, et Jena McGill, de la Faculté de droit. « Mes directrices ont vu mon travail et m’ont apporté leur soutien, alors que bien d’autres me l’auraient refusé, souligne-t-elle. Elles ont pris le risque de se pencher avec moi sur cette question singulière, et sans elles, je ne serais pas allée aussi loin. »
Son projet de doctorat a d’abord suscité un certain scepticisme; on a mis en doute la pertinence de l’EDI comme sujet d’un doctorat en génie. Le soutien de ses directrices et d’autres personnes a été crucial, non seulement pour défendre son choix, mais aussi pour obtenir la reconnaissance de la Fondation Pierre Elliott Trudeau, entre autres distinctions.
D’ailleurs, cette bourse a marqué un tournant pour elle, en reconnaissant la valeur de son travail et de ses efforts, en tant qu’ingénieure et universitaire, pour changer la culture dans la profession. Cette distinction souligne en outre l’importance de favoriser la diversité dans les milieux professionnels et universitaires et de soulever cette question cruciale dans tous les domaines.
L’engagement de Michelle Liu s’exprime aussi dans son rôle de mentore. Elle préside le conseil des diplômées et diplômés en génie de l’Université de Waterloo, où elle a obtenu son baccalauréat et sa maîtrise. Par ailleurs, elle est membre du Groupe consultatif sur l’équité du Barreau de l’Ontario et mentore auprès du réseau des femmes en génie de l’Ontario (ONWIE), entre autres. À l’Université d’Ottawa, elle est présidente de l’Association étudiante de common law, coprésidente d’OUTLaw, l’association officielle des étudiant.e.s 2SLGBTQ+ en droit, et membre du Sénat.
De plus, elle est cofondatrice de la bourse Liu-Kennington pour la communauté 2SLGBTQ+ en génie, la première bourse réservée aux membres de ce groupe dans une faculté de génie au Canada.
Michelle Liu invite tous les membres de la communauté étudiante qui le souhaitent à la suivre sur LinkedIn.