La pandémie de la COVID-19 a mis en évidence les nombreuses façons dont nos systèmes sont compliqués et complexes, ce qui les rend susceptibles d'échouer en testant les limites de leurs capacités. En même temps, ces défaillances et la pandémie elle-même ont fourni l'occasion parfaite d'accroître la surveillance par le biais de plateformes et de technologies déjà omniprésentes.
Le passage soudain des cours en personne aux cours en ligne a fait de la technologie de l'éducation le cadre idéal pour que les entreprises capitalisent sur le besoin réel de solutions technologiques rapides pour gérer l'apprentissage et l'enseignement à distance. Elles l'ont fait en augmentant la surveillance invasive au nom du soutien aux institutions éducatives et du maintien de l'intégrité académique grâce à des logiciels de surveillance en ligne problématiques.
#tresdancing spécule sur les effets de l'escalade de la surveillance et du contrôle par le biais de la technologie éducative. Dans ce récit de fiction situé dans un futur proche, une jeune personne n'a d'autre choix que d'utiliser des lunettes de réalité augmentée invasives, car elle est contrainte d'intensifier son engagement dans une nouvelle technologie expérimentale afin de rattraper une mauvaise note.
Le film met en lumière différentes questions relatives à la vie privée, aux préjugés algorithmiques, à la prise de décision par l'IA et à la surveillance. L'adoption des technologies, en particulier dans le domaine de l'éducation, est souvent présentée comme un choix que les gens font. Mais, comme le montre ce film, les administrateurs(trices), les enseignant(e)s et surtout les élèves ont rarement le choix et se retrouvent à devoir interagir avec une technologie de plus en plus envahissante comme condition de « réussite ». L'utilisation de la technologie par la protagoniste échappe à son contrôle et elle se retrouve manipulée pour prendre des décisions qu'elle n'aurait peut-être pas prises autrement. Le film met également en lumière les logiques morales et carcérales qui sous-tendent souvent les technologies de surveillance. Notre protagoniste se retrouve à la merci de cette technologie qui enregistre, analyse et juge tout ce qu'elle voit et fait dans sa vie, l'amenant à devoir choisir entre ses amis et sa vie sociale, et la réussite scolaire. Un choix difficile en effet.
Ce film met en évidence la position parfois impossible dans laquelle nous nous trouvons en ce qui concerne l'utilisation de la technologie, et l'espoir est que nous puissions avoir des conversations sur la façon d'atténuer les méfaits de la technologie que nous utilisons déjà, et travailler à garantir l'équité et la sécurité, en particulier pour les jeunes étudiants, en créant un espace pour remettre en question l'utilisation de la technologie et tenir les entreprises responsables des méfaits qu'elles provoquent.
Quatrième volet de la série Screening Surveillance, le court-métrage a été créé par sava saheli singh et réalisé par Hingman Leung. Coproduit par l'Initiative IA+Société, le Projet eQuality et le Surveillance Studies Centre de Queen's, les créatrices ont été conseillées par les professeur(e)s Valerie Steeves, Jane Bailey, David Lyon, David Murakami Wood et Florian Martin-Bariteau.