Établir un consensus sur l'énergie et le climat au Canada : Un aperçu de la littérature

Par Audrey Roy

Étudiante de premier cycle, Énergie Positive

audrey roy
Énergie Positive
FSS
Dans le cadre de récents sondages d'opinion publique, Énergie Positive a constaté que les Canadiens sont polarisés selon des lignes partisanes sur un nombre de questions clés en matière d'énergie et de climat. En même temps, nous avons constaté les effets négatifs de la politique partisane sur la société en général. Dans ce contexte, les décisionnaires doivent envisager comment établir un consensus dans un contexte de partisanerie accrue. Ce blogue examine comment les processus de consensus peuvent contribuer à l'élaboration de politiques dans des contextes de division.

Processus de consensus : Définition, limites et potentiel

Le consensus politique est généralement défini comme l'acceptation commune d'une opinion ou d'une décision obtenue par des discussions. Le processus de consensus peut donc être identifié comme une pratique décisionnelle qui met l'accent sur l'élaboration coopérative d'une décision.

Les processus de consensus sont conçus pour maximiser la capacité des participants à collaborer et minimiser le risque qu'un groupe domine les autres. Un rapport de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie (TRNEE) souligne que les processus de consensus peuvent fonctionner dans presque toutes les circonstances politiques avec un éventail de participants, tels que les gouvernements, les acteurs du secteur privé et les groupes de la société civile. Ces processus peuvent fonctionner en plus des procédures formelles de prise de décision et dans le cadre de mandats et d'autorités organisationnels établis. Comme tous les processus de consensus sont uniques, ils prennent souvent diverses configurations pour s'adapter à la situation spécifique dans laquelle ils sont appliqués. En fait, la TRNEE cite l'application de cet outil à des questions aussi diverses que les infrastructures, la gestion durable des forêts et la gestion des déchets.

La TRNEE a identifié dix principes guidant les processus de consensus pour qu'ils atteignent leur plein potentiel :

  1. Axés sur les objectifs ;

  1. Inclusif, pas exclusif ;

  1. Participation volontaire ;

  1. Autoconçus ;

  1. Flexibilité ;

  1. Égalité des opportunités ;

  1. Respect des intérêts divers ;

  1. Responsabilité ;

  1. Délais ;

  1. Engagement à la mise en œuvre des actions convenues.

Au-delà de ces 10 principes, les chercheurs en sciences politiques suggèrent d'appliquer les techniques de négociation formelle suivantes pour parvenir à un consensus dans des contextes politiquement polarisés :

  • Faire appel à des facilitateurs tiers non partisans afin d'orienter le débat politique dans une direction délibérative. Cela peut faciliter les négociations en créant un environnement propice qui établit un espace de rencontre neutre, fournit le contexte de la question, donne le ton et l'ordre du jour de la réunion, et établit des directives de participation ;
  • Mettre en place un processus d'interactions répétées, comme des réunions récurrentes, pour promouvoir la coopération à long terme et encourager la confiance et l'honnêteté entre les participants. L'établissement d'un temps, d'un espace et d'un objectif distincts consacrés au processus de recherche de consensus peut être bénéfique pour accroître le sentiment de collaboration entre les participants qui discutent de décisions stratégiques, de décisions à fort enjeu ou de décisions pour lesquelles un front fort et uni est important ;
  • Idéalement, toutes les parties devraient s'engager à respecter les décisions prises dans le cadre d'un processus de recherche de consensus. Si un accord a été conclu, toute personne qui ne respecte pas ses engagements devrait faire l'objet de sanctions décidées par les participants. Ces mesures peuvent contribuer à maintenir la responsabilité tout au long du processus de recherche de consensus.

En pratique, les processus de consensus ont des limites. Tout d'abord, il peut s'agir de processus longs, informels et impossibles à tenir à jour, susceptibles d'être manipulés par des acteurs politiques puissants. En outre, tous les intérêts ne sont pas facilement représentés au cours des discussions, car les élites politiques peuvent chercher à représenter uniquement les populations qui sont essentielles à leur survie politique.

Néanmoins, les processus de consensus peuvent être un outil utile pour soutenir l'élaboration des politiques, sensibiliser, accroître la coopération et favoriser la responsabilisation. La recherche du consensus permet aux décisionnaires de discuter des sujets plus librement et d'établir un rapport plus solide lorsqu'ils décident des stratégies politiques. Les discussions peuvent ainsi porter sur un plus grand nombre de questions et contribuer à la réussite de leur mise en œuvre, ce qui encourage les participants à collaborer même après la fin des négociations.

Exemples de processus de consensus sur l'avenir énergétique du Canada

Pour ce qui est du processus décisionnel en matière d'énergie au Canada, plusieurs initiatives récentes fournissent des exemples d'utilisation des principes de recherche de consensus pour favoriser la délibération et le dialogue entre les Canadiens sur l'avenir énergétique du pays dans une ère de changement climatique.

  • Le projet Alberta Narratives Project (ANP) est un exemple d'inclusivité. Ce projet a conduit des groupes de discussion standard pour près de 500 Albertains - dont des agriculteurs, des chefs de file du secteur de l'énergie, des hauts fonctionnaires d'entreprise, des activistes environnementaux et bien d'autres - afin de partager leurs points de vue sur des sujets tels que l'énergie renouvelable, le changement climatique et l'avenir du pétrole et du gaz. Un document d'introduction issu de ces consultations fournit des conseils aux représentants du gouvernement afin d'améliorer leur compréhension des valeurs fondamentales et des préoccupations des électeurs pour l'élaboration des politiques énergétiques.
  • Le Groupe de travail sur la transition équitable pour les collectivités et les travailleurs des centrales au charbon Canadiennes était une initiative axée sur l'objectif d'engager le dialogue avec les communautés, les employeurs, les syndicats et les décideurs du secteur du charbon et de mieux comprendre leurs préoccupations concernant la transition vers l'abandon de l'électricité produite par le charbon. Les engagements et les rapports qui en ont résulté ont été caractérisés par le respect des divers intérêts.
  • L'initiative Energy Futures Lab de Natural Step Canada utilise des techniques de collaboration multipartite pour favoriser l'expérimentation et l'innovation dans le secteur énergétique de l'Alberta, et semble mettre l'accent sur les principes de flexibilité et de volontarisme dans ses engagements.

Ces projets de recherche de consensus, parmi d'autres, offrent la possibilité de s'attaquer efficacement aux problèmes de changement climatique et d'énergie par le biais de l'action politique. Il est important de noter que, bien que ce blogue ne traite pas des projets concernant le rôle des systèmes, pratiques et innovations du savoir traditionnel autochtone dans les processus de recherche de consensus, les peuples autochtones jouent un rôle essentiel dans la recherche de consensus pour les politiques énergétiques et climatiques du Canada. Pour s'assurer que les discussions consensuelles sont inclusives, les décideurs doivent veiller à ce que toutes les voix et toutes les parties soient prises en considération à la table de décision.

Les idées ci-dessus sur la recherche de consensus ont éclairé les recherches d'Énergie Positive sur la façon de construire et de maintenir la confiance du public dans les décisions énergétiques dans un contexte de changement climatique. Dans les mois à venir, Énergie Positive continuera à publier des études explorant les modèles et les limites de la recherche du consensus. Restez à l'écoute.

* Audrey Roy est une étudiante de premier cycle en sciences politiques à l'Université d'Ottawa. Au cours de l'année scolaire 2020/21, elle a mené une recherche pour Énergie positive en tant qu'étudiante du cours FSS4150, Recherche dirigée en sciences sociales, sous la supervision de la professeure Monica Gattinger. Ce blogue résume une partie de sa recherche pour ce cours.