Cette étude du programme Énergie positive de l'Université d'Ottawa examine le travail de la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie (TRNEE). La TRNEE a été créée par le gouvernement du Canada en 1988 pour promouvoir un développement durable qui favorise simultanément les intérêts environnementaux et économiques en utilisant la recherche sur les politiques et en conseillant directement le gouvernement. Cette analyse évalue comment la TRNEE, au cours de ses 25 ans d'existence, a abordé les conflits dans le domaine de l'énergie, a établi un consensus autour des questions énergétiques et environnementales, et quels aspects de sa conception et de son processus institutionnels ont contribué à ces résultats.
L'étude de cas a été rédigée par le professeur Stephen Bird (Clarkson University), chercheur affilié d'Énergie positive, et par Sarah Chase (University of Denver), candidate à la maîtrise, avec la contribution de Julien Tohme (Université d'Ottawa), candidat au doctorat. L'analyse suggère que le modèle de la TRNEE était en grande partie une approche efficace et utile pour développer un consensus sur plusieurs (mais pas toutes) arènes politiques controversées dans le domaine de l'environnement et de l'énergie. La TRNEE a obtenu des succès notables et a influencé les politiques en matière de planification de la durabilité dans les domaines commercial et urbain, de comptabilisation du carbone, d'impacts des changements climatiques, de solutions pour les eaux usées, d'efficacité énergétique, de gestion forestière, ainsi que des partenariats et un dialogue environnemental international.
La TRNEE a amélioré les réseaux et les partenariats entre secteurs et entre l'industrie, les ONG et le gouvernement, et a largement accru la confiance dans ce contexte. Les personnes interrogées, quelle que soit la période, s'accordent à dire qu'un processus de table ronde efficace mettant l'accent sur la construction d'un consensus a été réalisé avec succès. En outre, ce processus a contribué à l'amélioration des solutions et des politiques dans un large éventail de domaines liés à l'environnement et à l'énergie. Parmi celles-ci, citons la première modélisation complète des effets du changement climatique au Canada, les nouvelles méthodes de calcul des émissions de CO2 adoptées par le gouvernement et les directives détaillées sur les rapports de durabilité adoptées par de nombreuses entreprises du secteur privé.
L'analyse révèle également des sujets de préoccupation. Par exemple, les mécanismes visant à maintenir à la fois l'indépendance et l'engagement politiques ont été particulièrement difficiles. En effet, l'influence des discussions et des rapports de la TRNEE sur le gouvernement et au-delà a énormément varié au cours de ses vingt-cinq années d'existence. Par conséquent, nous suggérons des mécanismes de conception institutionnelle qui peuvent aider à maintenir l'indépendance, mais aussi la pertinence.
Cette étude de cas est l'une des cinq qui visent à identifier " Qu'est-ce qui fonctionne ? " lorsqu'il s'agit d'établir un consensus dans un contexte de polarisation sur l'énergie et le changement climatique. Chaque étude de cas examine une organisation, un programme ou une initiative mis en place pour lutter contre la polarisation (le Plan de leadership climatique de l’Alberta et le Groupe de travail sur la transition équitable) ou pour favoriser la recherche d'un consensus (la Commission de l’écofiscalité du Canada et la Table ronde nationale sur l'environnement et l'économie [cette étude]).