Les spécialistes et les praticiens du risque s'interrogent sur la meilleure façon de gouverner le risque face aux appels et aux justifications de plus en plus nombreux en faveur de la démocratisation. Le caractère central de la confiance du public pour une gouvernance efficace du risque, la fragmentation des perceptions du risque et les attentes croissantes en matière d'implication du public dans la prise de décision concernant le risque sont autant de caractéristiques de la gouvernance du risque au vingt et unième siècle.
La pandémie de santé mondiale COVID-19 est un exemple qui souligne l'importance cruciale de la confiance du public dans la prise de décision en matière de risques. Qu'il s'agisse de la confiance dans la sécurité des vaccins, de la confiance dans la nécessité des mesures de confinement ou de la confiance dans l'existence même de la pandémie, la réussite de la gestion de la crise dépend de la confiance du public dans les décisions du gouvernement. La pandémie a également mis en évidence les différences de perception des risques entre les experts et le public, ainsi qu'entre les experts et le public, la vulnérabilité permanente de la perception des risques par le public face à la désinformation, et l'importance pour les gouvernements d'intégrer les points de vue des citoyens, des communautés et des parties prenantes dans leur processus de prise de décision.
Il est de plus en plus évident qu'une gouvernance efficace des risques exige de confronter avec succès les différences de perception des risques entre les experts et le public, d'impliquer efficacement le public et d'encourager la confiance du public dans les décisions. Ces trois objectifs peuvent remettre en question les fondements épistémologiques, culturels et ontologiques de la gouvernance des risques. Comprendre les raisons pour lesquelles c'est le cas (et pourquoi ce n'est pas le cas), démêler soigneusement les causes et les effets, et fournir des études de cas sur les efforts déployés dans le monde réel pour résoudre les dilemmes, jette les bases d'une réforme éclairée des dispositifs de gouvernance des risques.
C'est dans ce contexte que l'ISSP a créé le projet @Risque : Comment renforcer la gouvernance des risques au Canada. @Risque visait à faire progresser la compréhension scientifique et empirique de la participation du public à la prise de décision en matière de risques, des moyens de conceptualiser et de traiter les différences de perception des risques entre le public et les experts, et des moyens de renforcer la confiance du public dans la gouvernance des risques.
Le projet comprenait une équipe de recherche multidisciplinaire composée de plus de deux douzaines d'universitaires et d'étudiants de troisième cycle issus de onze universités canadiennes et américaines, ainsi qu'une demi-douzaine de praticiens chevronnés issus de cinq organisations partenaires. Les praticiens membres de l'équipe de recherche ont joué un rôle central dans le projet en donnant généreusement de leur temps, de leur expérience et de leurs idées tout au long de l'étude, afin de garantir que la recherche soit ancrée dans le "monde réel" de la gouvernance des risques et qu'elle en tienne compte.