Les fleurs de jasmin sont très parfumées, mais elles ne produisent pas d'huiles essentielles comme d'autres fleurs. En effet, les fleurs de jasmin n'ont pas beaucoup de glandes à huile capablent de produire de l'huile essentielle. En outre, les produits chimiques spécifiques nécessaires à la production de grandes quantités d'huile essentielle ne se trouvent pas forcément dans le jasmin car il est difficile d'en extraire une grande quantité. C'est pourquoi les parfumeurs ont souvent recours à d'autres moyens, comme les parfums synthétiques ou d'autres senteurs florales naturelles, pour obtenir l'odeur de lilas dans leurs produits. Malgré ces difficultés, les gens continuent d'aimer l'odeur du jasmin, qui ne cesse d'inspirer le monde de la parfumerie.

Une fois le parfum dilué à une concentration de 0,5µg/mL dans le solvant non polaire, il a été analysé par GC/MS.

L'analyse GC/MS est utile pour identifier et quantifier les composants de l'huile de parfum avec les paramètres suivants :

Parmi les composés identifiés, l'acétate de linalyle et le linalol, issus de l'huile essentielle de lavande, le 2-hexyl cinnamaldéhyde et le D limonène, issus de l'absolue de jasmin, contribuent à la note de tête florale et fruitée.

D'autres molécules de l'absolue de jasmin, qui sont l'acétate de benzyle et le dihydrojasmonate de méthyle, apportent la note de cœur de jasmin.

Aucune des molécules contribuent clairement à la note de fond musquée et boisée. Cependant, comme le système GC/MS ne peut pas distinguer la chiralité des molécules, j'ai émis l'hypothèse que le parfum contenait un mélange des deux formes énantiomériques du limonène. Dans ce cas, le L-limonène, qui a une odeur de pin, créerait la note de fond boisée.

Il existe également des molécules synthétiques telles que le DEHA et l'alcool benzylique qui ne contribuent pas à l'odeur du produit, mais uniquement à sa formulation. Elles sont utilisées pour améliorer la durabilité de l'huile de parfum en la stabilisant dans le temps. En outre, elles peuvent servir de solvant, aidant à dissoudre et à distribuer les composés.

Selon la liste des ingrédients commerciaux figurant sur la fiche de données de sécurité du parfum de jasmin, le produit commercial contient 8 ingrédients naturels ou synthétiques, utilisés pour leurs propriétés, avec une majorité d'acétate de linalyle (7-15%) et d'octanal, 2-(phénylméthylène)- (5-10%). L'acétate de linalyle, le 2-hexylcinnamaldéhyde, le linalol et l'alcool benzylique ont été identifiés par GC/MS avec des concentrations valables dans la fourchette de concentration officielle. Toutefois, le parfum contient principalement 50,61 % de DEHA et 10,50 % de dihydrojasmonate de méthyle, qui ne sont pas mentionnés dans la liste des ingrédients.

Examinons ces molécules de plus près.

• Le DEHA

Le DEHA est un produit chimique industriel qui contribue à améliorer la flexibilité et la durabilité de l'huile parfumée, garantissant ainsi sa stabilité dans le temps. En outre, cet additif peut servir de solvant, aidant à dissoudre et à répartir uniformément les composés parfumés dans l'huile. Le DEHA est également un agent plastifiant auquel nous pouvons être exposés en utilisant des produits de consommation tels que les emballages en PVC, les cosmétiques ou par le biais de rejets industriels dans l'environnement lors des opérations de production. Il s'agit néanmoins d'un produit reconnu comme dangereux par les organismes internationaux de santé et de protection de l'environnement.

Comme la fragrance provient du marché canadien, jetons un coup d'œil sur les services de santé canadiens. De décembre 2006 à juin 2010, des études scientifiques critiques ont évalué les risques du DEHA. C'est devenu un enjeu majeur publié dans la Gazette du Canada le 26 septembre 2009, et de nombreuses études décrites sur le site du gouvernement du Canada ont été réalisées. 
Il en ressort que ce produit chimique peut migrer des emballages alimentaires vers les aliments, que des niveaux élevés d'exposition peuvent avoir des effets sur le foie, la reproduction et le développement et qu'il s'agit d'un polluant environnemental persistant. Il a donc été démontré que le DEHA est cancérigène et nocif pour l'environnement et la diversité biologique. Le contrôle de cette substance a été jugé hautement prioritaire et fait l'objet d'une surveillance étroite par la mise en œuvre de mesures de gestion des risques. Certains pensent même qu'elle devrait être incluse dans la Liste critique des ingrédients cosmétiques de Santé Canada.

Dans cette optique, nous pouvons émettre l'hypothèse que l'entreprise ne liste pas cet additif chimique toxique pour paraître plus "naturelle" afin de maximiser la confiance des consommateurs et de protéger la recette de la formulation face aux entreprises concurrentes. En effet, le DEHA n'étant pas un ingrédient actif pour les odeurs, il est fort probable que la réglementation exempte les additifs secondaires de la liste des ingrédients.

Pour compléter l'étude et déterminer si la fragrance peut être toxique par inhalation, l'espace de tête de l'huile de parfum chauffée a été analysé en combinant la méthode d'extraction SPME et le système d'analyse GC/MS.

La fragrance est chauffé dans un flacon fermé par du parafilm et placé sur une plaque chauffante. Pendant 10 minutes, l'espace de tête est prélevé à l'aide d'une aiguille SPME. Le programme d'analyse était presque identique à celui de l'analyse de l'huile de parfum, à l'exception de la température de l'entrée, qui a été abaissée à 200°C pour détecter et ne pas brûler toutes les molécules les plus volatiles et les plus délicates.

Je m'appelle Emmy, j'ai 19 ans et j'étudie la chimie à l'IUT de Montpellier dans le sud de la France. Grâce à mes études, j'ai l'opportunité d'effectuer mon stage à l'Université d'Ottawa en tant que Visitor Research Student pour participer au projet Hydrosol de Sharon Curtis.

C'est une expérience merveilleuse qui me permet de développer des connaissances chimiques sur les produits odorants, d'acquérir une expérience pratique en chimie analytique et de travailler dans un environnement multiculturel avec Sharon Curtis et quelques étudiants diplômés du laboratoire de Paul Mayer.

Toutes les connaissances que j'ai acquises sont très fascinantes et enrichissantes pour réaliser mon rêve d'une carrière dans la parfumerie.

Je suis heureuse d'avoir travaillé sur le nouveau projet de recherche de Sharon concernant les fragrances. Mon étude s'est concentrée sur l'odeur caractéristique du jasmin diffusée lors des chaudes journées d'été sur la côte méditerranéenne où j'ai grandi !