Mobiliser les connaissances pour lutter contre la violence sexuelle et promouvoir l’équité

Par Université d'Ottawa

Cabinet du vice-recteur à la recherche et à l'innovation, CVRRI

Mobilisation des connaissances
Prix et distinctions
Recherche et innovation
Les professeures Charlotte Karam et Anne Levesque
Les professeures Charlotte Karam et Anne Levesque
Le Prix d’excellence en mobilisation des connaissances 2021-2022 a été remporté par les professeures Charlotte Karam et Anne Levesque, dont les projets de recherche respectifs ont des retombées directes et positives sur des groupes en quête de justice et d’équité.

« L’importance de décloisonner la recherche et de favoriser son utilisation à l’extérieur de la communauté scientifique, voilà ce que l’on veut souligner en remettant ce prix, pour la quatrième année consécutive, à des membres du corps professoral qui se sont illustrés par leurs efforts pour élargir de nouveaux horizons », affirme Sylvain Charbonneau, vice-recteur à la recherche et à l’innovation. « Cette année, nos lauréates ont su se démarquer grâce à leurs recherches exceptionnelles qui ont permis aux communautés avec lesquelles elles collaborent de prendre des décisions éclairées sur des enjeux politiques d’actualité. »

Plaidoyer pour une législation anti-harcèlement sexuel

Le mouvement #MoiAussi, né aux États-Unis en 2017, a donné une voix aux victimes de violences sexuelles d’un peu partout dans le monde. Bien que les procédures judiciaires se soient multipliées à sa suite, la lutte contre la violence et le harcèlement sexuels demeure à ce jour un défi de taille.

La professeure Charlotte Karam, directrice du programme de MBA pour cadres à l’École de gestion Telfer, étudie notamment le harcèlement à caractère sexuel dans les milieux de travail officiels du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. La chercheuse porte un regard critique et féministe sur la prise de décision institutionnelle qui concerne certains problèmes clés en milieu de travail, tels que les relations de pouvoir et le harcèlement sexuel.

« Pendant trop longtemps, le fardeau de surmonter les obstacles structurels a reposé sur les épaules des femmes elles-mêmes », explique la chercheuse. « C’est pourquoi nous avons fondé, en 2018, The Center for Inclusive Business and Leadership (CIBL) for Women, un centreregroupant des militantes, des universitaires, des expertes et des professionnelles qui veulent assurer la participation et la représentation dignes des femmes aux niveaux départemental, organisationnel et national. »

Salle avec étudiants en formation
Une formation contre le harcèlement sexuel en milieu de travail est offerte aux employées et employés de la compagnie libanaise Beesline.

La professeure Karam travaille avec différents partenaires à atteindre un objectif commun, celui de mobiliser les efforts pour mettre en place des lois, des règlements et des mesures spéciales de protection contre l’exploitation et l’abus sexuels en milieu de travail, particulièrement au Liban.

« Mobiliser les connaissances pour protéger les droits de la personne contre la violence basée sur le genre est toujours une entreprise politisée », souligne la professeure Karam. « Ce que nous avons fait au Liban a été de sensibiliser les employeurs à une loi récemment adoptée criminalisant le harcèlement sexuel, et aussi de les inciter à renforcer leur soutien à cette loi. »

Les efforts de mobilisation des connaissances de la professeure Karam et de ses partenaires ont porté leurs fruits au Liban : plus de 80 employeurs ont reçu une formation contre le harcèlement sexuel en milieu de travail, 13 politiques de lutte contre le harcèlement sexuel et leurs stratégies de mise en œuvre ont vu le jour et 17 employeurs se sont engagés publiquement devant la nouvelle loi.

Vers un accès à la justice par et pour les groupes en quête d’équité  

Selon de nombreux juristes et universitaires, l’accès à la justice se définit par l’accès à un avocat ou aux tribunaux. Il existe néanmoins un mouvement émergent qui remet en question le rôle traditionnel des avocats dans les litiges d’intérêt public et les approches conventionnelles à la pratique du droit pour faire avancer la justice sociale.

La professeure Anne Levesque, de la Faculté de droit – Section de common law, soutient dans ses recherches cette vision plus holistique de la justice. Elle croit à l’importance de mobiliser une gamme de stratégies communautaires et variées pour favoriser le changement. C’est pour cette raison qu’elle a mis sur pied, en 2019, la Clinique juridique de droits à l’égalité. Avec l’appui de ses étudiantes et de ses étudiants, elle vient en aide à des groupes en quête d’équité (les communautés et les personnes autochtones, les jeunes, les personnes handicapées, les femmes, les membres de groupes environnementalistes) pour les aider à définir eux-mêmes leur vision de l’accès à la justice et à la mettre en œuvre.

groupe de personnes
La professeure Levesque et son équipe de la Clinique

« Il y a une boucle de partage et de rétroaction constante entre l’équipe de la Clinique et les groupes en quête d’équité avec qui nous collaborons », précise Anne Levesque. « Lorsque nous effectuons des recherches juridiques, nous transmettons immédiatement nos conclusions à ces groupes, puis nous discutons de l’impact de nos résultats sur leurs objectifs stratégiques et leur vision de l’accès à la justice et des diverses manières dont nous pouvons les concrétiser. »

En 2020, la Clinique a collaboré avec la professeure Eva Ottawa et le Conseil des Atikamekw de Manawan, la communauté d’origine de Joyce Echaquan, cette femme atikamekw qui a été victime de racisme systémique peu avant son décès. « On voulait que l’histoire de Joyce soit connue à travers le monde entier et que le traitement du Canada au sujet des populations autochtones fasse l’objet de débats internationaux », explique la chercheuse. « En se fondant sur la recherche menée par la Clinique, la professeure Ottawa et son assistante de recherche, le Conseil nous a demandé de déposer une plainte auprès de cinq rapporteurs spéciaux de l’Organisation des Nations Unies (ONU) pour leur faire part des violations des droits de la personne que Joyce a subies avant sa mort. La plainte, rédigée par des étudiantes et des étudiants de la Clinique, a fait les manchettes nationales. »

Le résultat final a été très satisfaisant pour le Conseil des Atikamekw, qui s’est réjoui de la nomination d’une nouvelle ministre des Services aux Autochtones du Canada ayant pour mandat de mettre en œuvre le « Principe de Joyce ».

Au Prix d’excellence en mobilisation des connaissances s’ajoutent cinq subventions Mobilisation des connaissances accordées à des centres et instituts de recherche de l’Université d’Ottawa, soit :

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