Un chercheur de l’Université d’Ottawa et ses partenaires font appel à l’IA pour prédire les zones de sécheresse

Par Bernard Rizk

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Un chercheur de l’Université d’Ottawa et ses partenaires font appel à l’IA pour prédire les zones de sécheresse
Image: Sven Lachmann, Pixabay.com
Quels seront les effets des changements climatiques sur le Canada, qui compte le plus grand nombre de lacs au monde?

Une étude récente de l’Université d’Ottawa et de l’Université Laval montre que les changements climatiques pourraient entraîner des sécheresses importantes dans plusieurs régions du Canada d’ici la fin du siècle. En réponse à cette étude, une équipe a mis au point une méthode avancée faisant appel à l’IA pour cartographier les régions du pays à risque de sécheresse.

Les recherches ont été menées par un groupe de personnes dévouées et hautement qualifiées, travaillant sous la supervision de Hossein Bonakdari, professeur agrégé au Département de génie civil, en collaboration avec le professeur Silvio Gumiere de l’Université Laval. Le projet a été financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG) par l’intermédiaire du programme de subventions à la découverte et du Fonds de recherche du Québec Nature et technologies.

« La sécheresse représente une menace considérable pour le Canada, vu ses effets sur l’agriculture, les ressources en eau et les écosystèmes », explique le professeur Bonakdari, chercheur principal du projet. « Dans nos recherches, nous faisons une analyse détaillée des épisodes de sécheresse dans l’histoire, ainsi qu’une projection des tendances pour l’avenir, ce qui permettra de prendre des décisions éclairées pour planifier la résilience climatique ».
 

Hossein Bonakdari, professeur agrégé au Département de génie civil
Génie

« Dans nos recherches, nous faisons une analyse détaillée des épisodes de sécheresse dans l’histoire, ainsi qu’une projection des tendances pour l’avenir »

Hossein Bonakdari

— Professeur agrégé, Département de génie civil

L’étude offre une compréhension indispensable et détaillée de l’influence des changements climatiques sur le paysage environnemental canadien, particulièrement sur les régimes de précipitations, les hausses de température et la fréquence des sécheresses. Les conclusions révèlent ce qui suit :

  1. Selon les projections, les régions du nord (Nunavut, Territoires du Nord-Ouest, Yukon) et du centre du pays (Saskatchewan, Alberta) connaîtront les conditions de sécheresse les plus intenses.
  2. Les changements seront moins graves, mais tout aussi importants, dans les provinces côtières et les provinces de l’est.
  3. Dans les scénarios climatiques extrêmes, c’est près de la moitié du Canada qui pourrait être touchée par de fortes sécheresses d’ici 2100.

La présente étude utilise des techniques d’apprentissage profond ainsi que les données de l’Outil de surveillance des sécheresses au Canada (OSSC) et d’ERA5-Land pour analyser les périodes de sécheresse survenues par le passé et projeter les tendances à venir jusqu’en 2100. Selon le professeur Bonakdari, « cette approche innovatrice comble les lacunes dans les données et permet de faire des projections solides pour différents scénarios climatiques présentés dans le sixième rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). La capacité de prédire avec précision l’emplacement des zones de sécheresse au Canada à l’aide de l’IA constitue une avancée importante pour la planification de la résilience climatique. »

Messages clés pour le public :

  1. Fait surprenant : La sécheresse ne survient pas uniquement dans le sud du Canada. On s’attend à ce que les régions du nord, comme le Nunavut, les Territoires du Nord-Ouest et le Yukon connaissent des conditions de forte sécheresse au cours des prochaines décennies.
  2. Mythe à déboulonner : Des précipitations stables ne sont pas synonyme d’absence de sécheresse. Même là où les précipitations sont stables, les températures à la hausse exacerberont les conditions sèches partout au Canada.
  3. Leçon à retenir : La gravité des sécheresses et des hausses de température dépendra des actions prises aujourd’hui. Pour en atténuer les répercussions, il est urgent d’adopter des politiques climatiques et des stratégies d’adaptation vigoureuses.
  4. Urgence dans les régions nordiques : Souvent négligés dans les discussions sur le climat, les territoires du nord sont parmi les plus vulnérables. Les hausses projetées de la température et l’intensification de la sécheresse dans ces régions montrent la nécessité d’appliquer des mesures climatiques ciblées.

L’étude, publiée dans le Climate Journal, offre un éclairage utile aux responsables des orientations politiques, aux gestionnaires de ressources et aux parties prenantes de partout au Canada. En connaissant les différents risques régionaux de sécheresse et l’effet des hausses de température, ces personnes pourront poser des gestes proactifs pour protéger les communautés et les écosystèmes du Canada en contexte de changements climatiques.