« Nous craignons que le rythme effréné des avancées technologiques ne dépasse la portée de la diplomatie, et nous demandons à toutes les nations du monde de répondre plus décisivement à la question préoccupante des armes autonomes », affirme Mary Wareham, coordonnatrice de la Campaign to Stop Killer Robots (Campagne contre les robots tueurs) et représentante de Human Rights Watch. « Les gouvernements doivent prendre des démarches concrètes pour entamer des négociations visant l’interdiction préventive des systèmes d’armement qui fonctionnent sans contrôle humain significatif. »
Mme Wareham se rendra à Ottawa le 5 novembre afin de discuter de la campagne et de son appel à l’interdiction des armes autonomes, à peine quelques jours avant que les Nations Unies ne prennent une importante décision pour trancher sur le débat qui entoure cette question. Elle participera à une table ronde en compagnie de Paul Hannon, directeur général de Mines Action Canada, ainsi que de M. Kerr, organisateur de l’événement et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique, en droit et en technologie.
Cette table ronde, d’une durée de 90 minutes, fournira un aperçu de la Campagne contre les robots tueurs, de ses principes et préoccupations, ainsi que des récentes avancées qui ont eu lieu aux Nations Unies, concernant notamment le rôle du Canada et les conséquences potentielles des élections fédérales qui viennent d’avoir lieu.
« Le Canada doit adopter une position ferme contre l’utilisation des armes autonomes, parce qu’on transgresse une limite morale en permettant que des intelligences artificielles prennent des décisions sur des questions de vie ou de mort, » déclare M. Kerr. « L’absence de contrôle humain significatif dans le fonctionnement de ces armes bouleverserait les normes humanitaires internationales et reviendrait à une exclusion délibérée et encore jamais vue des humains du processus décisionnel concernant le recours à une arme mortelle. »
La table ronde de jeudi donne suite au plaidoyer prononcé par Mme Wareham et M. Kerr au moment de la Première Commission sur les questions de désarmement et de sécurité internationale; le 10 octobre 2015, à New York, plus de 30 nations et cinq groupes d’États avaient exprimé des inquiétudes concernant les armes autonomes et appuyé la tenue de pourparlers internationaux à ce sujet en 2016. Les déclarations faites par le Canada dans le cadre de cette réunion ne faisaient aucune mention des armes autonomes. Le 13 novembre, plusieurs pays, dont le Canada, décideront s’ils souhaitent poursuivre et approfondir les délibérations au cours de la Convention sur certaines armes classiques, qui aura lieu un peu avant la cinquième conférence d’examen de la Convention en décembre 2016.
« Il est essentiel, non seulement pour l’avenir des champs de bataille mais aussi pour l’avenir de l’humanité, que les Nations Unies décident de continuer à répondre aux préoccupations exprimées au sujet des armes autonomes », poursuit M. Kerr. « Les armes autonomes actuellement à l’état de recherche et de conception sont “de nature imprévisible”. Tout comme les voitures sans chauffeur de Google ou le Watson d’IBM, ces machines à tuer se fondent sur un processus décisionnel qui nécessite un tel nombre d’entrées et des algorithmes d’une telle complexité qu’aucun être humain ne pourrait discerner les raisons qui les motivent à sélectionner une opération plutôt qu’une autre, et encore moins les prédire ou les justifier. En contexte de guerre, ceci revient quelque peu à risquer des vies humaines dans un étrange jeu de hasard. »
Plusieurs des enjeux dont il est question dans ces discussions ont été analysés par M. Kerr et Katie Szilagyi, diplômée de la section de common law, dans un article intitulé « Evitable Conflicts, Inevitable Technologies? The Science and Fiction of Robotic Warfare and IHL. » (Conflits évitables, technologies inéluctables? La guerre robotisée et le droit international humanitaire, entre science et fiction) Cliquez sur ce lien pour accéder à l’article.
En outre, M. Kerr publiera bientôt un ouvrage intitulé « Robot Law » (Le droit et la robotique), qui traite des principaux enjeux autours desquels tourne la discussion sur les armes autonomes. Cliquez sur ce lien pour obtenir de plus amples renseignements au sujet de Robot Law.
Renseignements sur l’événement :
Canada and the Campaign to Stop Killer Robots
Le jeudi 5 novembre 2015
11 h 30 à 13 h h
Université d’Ottawa, pavillon Fauteux, salle 302
L’événement est gratuit, et le public et les médias sont invités à y participer.
Une période de questions suivra la table ronde.
Au sujet de la campagne contre les robots tueurs :
La campagne contre les robots tueurs est le projet lancé par une coalition internationale vouée à l’interdiction préventive des armes entièrement autonomes. Les membres de cette alliance demandent aux nations d’établir et de mettre en œuvre des politiques sur les armes autonomes et d’entamer le processus d’interdiction préventive en ratifiant un traité international et des lois nationales. La campagne coordonne la réponse de la société civile aux défis d’ordre éthique, juridique et technique que posent les armes autonomes. Elle compte dans ses rangs plus de 55 organisations non gouvernementales d’envergure mondiale, notamment Human Rights Watch, l’International Committee for Robot Arms Control, la Nobel Women’s Initiative, les Pugwash Conferences on Science and World Affairs, et la Ligue internationale de femmes pour la paix et la liberté. Consultez le site Web : stopkillerrobots.org
Au sujet de Mme Mary Wareham :
Mme Mary Wareham est directrice de plaidoyer de la division Armes à Human Rights Watch; au sein de cet organisme, elle guide la défense des intérêts publics contre l’utilisation d’armes particulièrement dangereuses qui mettent en jeu la sécurité des civils. Elle est également responsable de la coordination internationale de la Campagne contre les robots tueurs (en anglais seulement). (informations supplémentaires) (twitter)
Au sujet de M. Ian Kerr :
M. Ian Kerr est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en éthique, en droit et en technologie à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa. Il occupe également des postes au sein de la Faculté de médecine, du Département de philosophie et de l’École des sciences de l’information. Ses travaux de recherche portent principalement sur les conséquences éthiques et juridiques du développement de l’intelligence artificielle, de la robotique et des dispositifs implantés. (informations supplémentaires) (twitter)
Personne-ressource pour les médias :
Ian Kerr, Université d’Ottawa, [email protected]
L’Université d’Ottawa peut fournir un enregistrement audio et vidéo de qualité de cet événement.