L’évolution rapide des technologies d’intelligence artificielle a eu un impact considérable sur le monde de la médecine, menant à des progrès importants sur la façon dont la technologie s’interface avec le système nerveux. Cependant, le recours aux neuroprothèses intelligentes en tant que dispositifs médicaux soulève un certain nombre de questions : quels éléments d’intelligence artificielle devrait-on exclure ou intégrer dans les futures neuroprothèses ? Quels sont les choix de conception technique et de design ou les dispositions réglementaires nécessaires pour procéder en toute sécurité ? Comment peut-on aider les patients à prendre des décisions cliniques afin de prévenir des espoirs démesurés ?
La professeure Jennifer Chandler dirigera une équipe de recherche internationale (canadienne, allemande et suisse) qui a reçu une importante subvention de trois ans du programme ERA-NET (European Research Area Networks) d’une valeur de 1,26 M$ (815 000 euros). Cette équipe de recherche polyvalente dirigera un projet intitulé « Hybrid Minds: Experiential, ethical and legal investigation of intelligent neuroprostheses » pour traiter des neuroprothèses intelligentes, qui représentent la prochaine phase de l’évolution des dispositifs intégrés au système nerveux pour aider, remplacer ou altérer les fonctions sensorielles, motrices, cognitives et affectives. Ces dispositifs comportent des systèmes qui « lisent » l’activité nerveuse et qui détectent, interprètent et traduisent les signaux nerveux pour diverses applications telles que faire bouger un bras robotisé ou un curseur. Ils incluent aussi des systèmes qui « écrivent », transmettant des signaux au cerveau à travers la stimulation électrique pour altérer la pensée, les émotions, et la capacité à bouger. La technologie intègre de plus en plus l’intelligence artificielle pour créer des dispositifs d’adaptation mutuelle, de sorte que l’usager et l’algorithme d’auto-apprentissage changent au fil du temps pour optimiser le rendement du système. L’intégration de l’intelligence artificielle au cerveau et à l’esprit humains en tant que esprits hybrides constitue une nouvelle direction en matière de complexité, imprévisibilité et impact psychologique. Le projet de recherche suit une approche théorique unifiée dans l’évaluation éthico-normative des neuroprothèses intelligentes, fondée sur les points de vue uniques des usagers, de la communauté de la neuro-ingénierie et d’autres acteurs-clés.
De plus, l’équipe bénéficie d’un réseau multidisciplinaire et multinational de collaborateurs et de conseillers représentant la neurochirurgie, la neuro-ingénierie, l’ingénierie de la réadaptation, la phénoménologie, la neuro-éthique, l’éthique appliquée en ingénierie, ainsi que la politique et la défense des patients atteints de troubles neurologiques. Le projet implique aussi d’autres chercheurs de l’Université d’Ottawa qui sont des collaborateurs-clés dans ce projet de recherche : les collègues de l’Institut de recherche sur le cerveau, y compris le docteur Adam Sachs (directeur de la Neuromodulation and Functional Neurosurgery à l’Hôpital d’Ottawa).
Membre fondatrice du Centre de recherche en droit, technologie et société, la professeure Jennifer Chandler est professeure titulaire et titulaire de la Chaire de recherche Bertram Loeb à la Faculté de droit, Section de common law de l'Université d'Ottawa.
Félicitations au professeure Jennifer Chandler pour cette étape importante de la recherche !