L’entrepreneuriat au féminin : le parcours d’Olga Koppel pour l’assainissement des villes

Par Université d'Ottawa

Cabinet de la vice-rectrice à la recherche et à l'innovation, CVRRI

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Olga Koppel présente son pitch au Carrefour de l'entrepreneuriat
Olga Koppel présente son pitch lors d'un événement du Carrefour de l'entrepreneuriat.
« Les détours et les virages sont inévitables quand on se lance en affaires. » C’est en ces mots qu’Olga Koppel parle du chemin qui l’a menée de l’université à l’entrepreneuriat. Le parcours de la fondatrice d’EcoSafeSense – une entreprise qui se consacre à l’amélioration de la qualité de l’air grâce à la collecte de données en temps réel – a été tout sauf linéaire. Quoi qu'il en soit, sa mission est claire : elle veut jeter des ponts entre la recherche scientifique, l’élaboration de politiques et la sensibilisation du public afin d’assainir les milieux urbains.

Olga Koppel a commencé à s’intéresser à l’écologie au premier cycle, lorsqu’elle étudiait la biologie végétale. Ses recherches, qui l’ont menée des écosystèmes d’algues marines aux populations de bourdons à Ottawa, ont mis en lumière les effets complexes du climat et des activités humaines sur la biodiversité. Mais c’est lorsqu’elle a constaté un décalage troublant entre la recherche scientifique et les politiques mises en œuvre qu’elle a eu une révélation.

« Ce n’est pas nécessaire d’être un ou une scientifique pour se soucier de la qualité de l’air et de ses effets, explique-t-elle. Je me suis rendu compte que les décisionnaires et le grand public n’avaient pas accès à suffisamment de données pour prendre des décisions éclairées. »

La naissance d’EcoSafeSense

Pendant la pandémie, les parcs urbains à Ottawa étaient, pour la biologiste, une source de réconfort qui lui rappelait l’importance vitale des espaces verts pour la santé publique. Sa réflexion durant cette période a consolidé son objectif d’utiliser la technologie pour surveiller et améliorer la qualité de l’air dans les villes. Mais pour faire d’une idée une véritable entreprise, il faut faire acte de foi… et obtenir le soutien nécessaire.

C’est là qu’est arrivé le Carrefour de l’entrepreneuriat de l’Université d’Ottawa. « Je baignais dans le milieu universitaire et non dans le monde de l’entrepreneuriat. Le Carrefour de l’entrepreneuriat a tout changé. J’y ai trouvé des ressources, des possibilités de mentorat et un réseau de gens animés par les mêmes motivations que moi. À leurs côtés, je me sentais capable de démarrer une entreprise », se rappelle-t-elle.  

Dans le cadre de programmes comme le Programme en entrepreneuriat pour les étudiants chercheurs, elle a peaufiné son modèle d’affaires, découvert des sources de financement et même remporté un prix d’innovation en matière d’entreprises durables – une distinction qui lui a donné une déterminante dose de confiance.

Olga Koppel, cofondatrice d'EcoSafeSense, se tient à l'extérieur d'une voiture équipée d'un système de surveillance de la qualité de l'air sur le toit.
Olga Koppel en action avec une voiture dotée de son système de mesure de la qualité de l’air.

Des données pour changer la donne

La technologie d’EcoSafeSense (en anglais seulement) repose sur des capteurs qui analysent la qualité de l’air en temps réel et détectent des polluants tels que l’ozone, le dioxyde d’azote et le CO2. Contrairement aux stations de surveillance conventionnelles, qui fournissent des données limitées à l’échelle de la ville, les capteurs de l’entreprise transmettent des informations hyperlocalisées mettant en évidence les zones particulièrement touchées par la pollution et pouvant être utilisées à des fins d’urbanisme.  

« Les villes ont besoin de ces données pour assainir leurs milieux, explique la scientifique. Que ce soit pour suivre l’évolution de la fumée des incendies de forêt ou pour s’assurer que l’air est bel et bien pur à proximité des pistes cyclables, nos capteurs aident les décisionnaires à agir là où il le faut. »  

EcoSafeSense a déjà conclu des partenariats avec des municipalités et des instituts de recherche. À Durham, en Ontario, on a installé ses capteurs de la qualité de l’air sur des ambulances en vue d’étudier les niveaux de pollution dans la ville. Une autre municipalité utilise les produits de l’entreprise pour démontrer l’efficacité de ses initiatives vertes dans le but de mettre en valeur ses efforts environnementaux.

Olga Koppel présente son projet à un auditoire au Hub350
Olga Koppel présente son entreprise, EcoSafeSense, à un auditoire au Hub350.

Leçons tirées et perspectives d'avenir

Malgré la croissance de son entreprise, Olga Koppel reconnaît qu’il n’est pas toujours facile d’être une scientifique devenue entrepreneure. « Réseauter à titre de scientifique, ce n’est pas comme réseauter en tant que propriétaire d’entreprise, souligne-t-elle en riant. Mais le mentorat, surtout par des femmes qui se sont lancées en affaires, m’a énormément aidée. »  

Au Canada, seuls 17 % des petites entreprises sont détenues par des femmes, une statistique dont la biologiste n’avait jamais pris la pleine mesure jusqu’à ce qu’elle cherche une personne qui pense comme elle pour la mentorer. « Trouver quelqu’un qui vous ressemble, qui comprend votre parcours, ça change tout », avance-t-elle.

Maintenant qu’EcoSafeSense suscite de plus en plus d’intérêt, Olga Koppel imagine un avenir où les données en temps réel sur la qualité de l’air façonneront des villes plus intelligentes et plus vertes. « Nous investissons déjà tellement dans les technologies propres. Pourquoi ne pas utiliser les données pour que les activités d’urbanisme améliorent vraiment la santé publique? », s’interroge-t-elle.

Ses conseils pour quiconque voudrait se lancer en affaires? « Trouvez votre communauté. N’évitez pas les détours et les virages. Concentrez-vous sur le problème à résoudre et pas seulement sur votre idée initiale. Et n’ayez pas peur de faire le saut. »

Le parcours d’Olga Koppel illustre toute la compatibilité de la science avec l’entrepreneuriat : ce sont de puissants alliés dans la lutte pour un monde propre et sain.