Je m'appelle Lerona Lewis. J'ai grandi à la Grenade, dans les Caraïbes, c'est une toute petite île. J'ai déménagé à Montréal en 2006 pour étudier l'économie agricole, puis j'ai fait la transition vers l'éducation et j'ai fait mon doctorat, encore une fois à l'Université McGill à la Faculté d'éducation.
Comment célébrez-vous le Mois de l'histoire des Noirs à la Faculté d'éducation cette année?
Les activités du Mois de l'histoire des Noirs sont organisées en collaboration avec les Teacher Candidates of Colour et les étudiants diplômés de la Faculté d'éducation.
Donc, ensemble, nous avons une série d'activités, l'une d'elles est la conférence sur les réparations.
Les pays de la CARICOM sont venus à la rencontre des anciens colonisateurs pour demander des excuses et une réparation.
Ainsi, la personne qui donnera la conférence parlera des défis et des succès rencontrés jusqu'à présent par ce comité des réparations. Le but est d’obtenir un plus grand soutien pour cette démarche entreprise par les Caraïbes, en gardant à l'esprit que le Canada n'était pas un colonisateur, mais que le Canada avait des plantations esclavagistes dans les Caraïbes.
Lorsque l'esclavage a pris fin, les propriétaires des plantations ont reçu une compensation, mais les anciens esclaves n'ont reçu aucun argent.
En tant qu'experte en études sur la jeunesse Noire, qu'est-ce qui peut permettre à davantage de jeunes Noir.es d’être de futurs chercheuses et chercheurs, selon vous ?
Donc, j'ai passé les dix dernières années à enseigner l'enseignement des scienceset je dirais que l'une des compétences les plus importantes dont les jeunes Noir.es ont besoin aujourd'hui est la connaissance scientifique.
De cette façon, ils seront en mesure d'évaluer l'information à l'aide d’aptitudes scientifiques et de décider d’accepter ou non une idée en se basant sur les preuves qui leur sont présentées.
Nous savons qu'il n'y a pas beaucoup de médecins Noir.es, pas beaucoup de scientifiques Noir.es. Et s'ils sont exclus des sciences au niveau du secondaire, voire du primaire, cela signifie qu'ils n'auront pas la chance de poursuivre en sciences plus tard dans leur carrière.
Dans une précédente entrevue avec l'Université, vous avez mentionné la nécessité pour la communauté de recherche de préserver les acquis de la lutte contre le racisme anti-Noir. Comment pratiquez-vous cela en tant que chercheuse vous-même ?
À l'heure actuelle, il y a un débat en Ontario et à Ottawa sur l'inclusion de sujets comme le privilège des Blancs dans le programme scolaire. Certains diront que les enfants Noir.es se sentiront anxieux ou impuissants s'ils apprennent ces problèmes, mais c'est faux.
Si nous enseignons les questions du privilège des Blancs dans les écoles et que l'accent est mis sur l’effort de susciter la sympathie pour les personnes de couleur, pour les Noir.es, je dirais que vous devez reconsidérer l'objectif d'enseigner sur le privilège des Blancs, qui, à mon avis devrait être de montrer aux élèves comment la société a été structurée pour empêcher certains groupes de personnes d'accéder à certaines opportunités.
Il serait de la responsabilité de l'enseignant de fournir le soutien dont les élèves ont besoin lorsqu'ils abordent ce sujet et de ne pas laisser les enfants seuls pour essayer de comprendre comment donner un sens à ce privilège des Blancs en tant qu'élève Noir.e ?
De plus, lorsque nous cessons d'enseigner certaines matières, nous limitons la capacité des étudiants à apporter de nouvelles idées pour résoudre les problèmes auxquels ils seront confrontés à l'avenir, car nous limitons leur capacité à comprendre les problèmes structurels qui affectent la structure de la société aujourd'hui.