Une subvention de partenariat d’une valeur de plusieurs millions de dollars accordée à des chercheurs en droit et en technologie

Droit, éthique et politique des technologies
salle du tabaret
Le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) a accordé de prestigieuses subventions de partenariat totalisant plusieurs millions de dollars à quatre professeurs du Centre de recherche en droit, technologie et société, situé à la Faculté de droit.

Le Conseil de recherches en sciences humaines (CRSH) a accordé de prestigieuses subventions de partenariat totalisant plusieurs millions de dollars à quatre professeurs du Centre de recherche en droit, technologie et société, situé à la Faculté de droit.

Les professeures Valerie Steeves (Faculté des sciences sociales) et Jane Bailey (Faculté de droit, Section de common law) ont reçu un financement pour leur projet intitulé « The eQuality Project », qui rassemble plusieurs intervenants de la société civile, de même que des secteurs de l’éducation et du gouvernement, tous intéressés à étudier l’expérience que font les jeunes du cyberespace. Elles abordent d’un point de vue multidisciplinaire les questions du ciblage des comportements en ligne et de la cyberintimidation en tant qu’éléments clés porteurs de potentiel pour une véritable égalité dans le monde virtuel. Jeremy de Beer et Chidi Oguamanam, tous deux professeurs à la Section de common law, ont reçu une subvention qui leur donnera l’occasion d’élargir l’Open African Innovation Research Network (réseau ouvert de recherche et d'innovation en Afrique, aussi appelé « Open AIR »). En collaboration avec leurs partenaires situés de part et d’autre de l’Afrique, ils cherchent à dénouer les tensions qui opposent la propriété intellectuelle et l’accès à la connaissance, à tisser des liens entre le Canada et les économies affichant la croissance la plus rapide au monde, et à former de nouveaux chercheurs disposant d’une perspective et d’une expérience internationales uniques.

Les subventions de partenariat du CRSH ont une valeur approximative de 2,5 millions de dollars, étalées sur une période de sept ans. Ces subventions visent à permettre « l’établissement de partenariats entre les chercheurs universitaires, les entreprises et d’autres partenaires afin d’approfondir les connaissances sur d’importantes questions d’ordre intellectuel, social, économique et culturel. » (Les subventions de partenariat du CRSH). En 2014, 24 projets avaient été sélectionnés lors du processus hautement sélectif. Deux de ces projets sont issus du même centre de recherche au sein de l’Université d’Ottawa : voilà un accomplissement digne de mention, mais aussi une preuve que le Centre en droit, technologie et société est bel et bien un acteur de premier plan dans son domaine.

Les professeures Steeves et Bailey dirigeront ensemble le projet eQuality. Leur approche novatrice porte un regard égalitaire sur la vie privée, le ciblage des comportements en ligne et la cyberintimidation, afin d’étudier en profondeur les effets corrélationnels du commerce électronique sur les jeunes. Le modèle économique sur lequel se fonde le commerce électronique, c’est-à-dire la divulgation de renseignements en échange de services, mène les jeunes à dévoiler des téraoctets de données (souvent involontairement) alors qu’ils vaquent à leurs activités quotidiennes. Ces données sont utilisées à de multiples fins, notamment pour des pratiques de marketing comportemental qui forment les attitudes et influencent le comportement, ou encore pour le profilage, qui peut également renforcer les stéréotypes véhiculés par la culture courante et donner lieu à des instances de discrimination et de cyberintimidation.

Le projet cherche à déterminer les mesures sociales qu’il faudrait mettre en œuvre pour réussir à créer un espace virtuel favorable à l’affirmation de l’égalité, où les jeunes connaîtraient leurs droits dès leur plus jeune âge, mais comprendraient aussi les responsabilités qu’ils ont l’un envers l’autre. « Le droit peut avant tout servir à l’éducation, » affirme la professeure Bailey, « mais il faut savoir créer un climat propice à l’échange et à la compréhension. » La professeure Steeves ajoute qu’« on ne peut pas simplement dire aux jeunes quoi faire. Il faut examiner le climat que nous avons créé autour d’eux et se poser la question : comment avons-nous restreint leur capacité d’affirmer leur identité ? »

Les professeures Steeves et Bailey ont créé des partenariats avec des universités, des instituts de recherche et de politiques, des responsables des politiques, des éducateurs, des organismes communautaires et des jeunes. Ces partenariats informeront les politiques sur l’économie numérique, notamment en ce qui concerne le respect de la vie privée. Ils serviront également à relancer le débat sur la cyberintimidation en cernant des politiques fondées sur les faits qui font la promotion de relations saines et du respect dans le cyberespace. Les travaux de recherche réalisés grâce à la subvention de partenariat permettront d’innover en matière d’éducation, de politiques et de mobilisation publique afin d’aider les parents, les enseignants, les administrateurs scolaires, les collectivités et les décideurs à donner aux jeunes le soutien nécessaire à leur pleine participation à la société électronique.

Ce projet servira à appuyer la création de nouvelles approches réglementaires afin de mieux protéger la vie privée des jeunes ainsi que leur droit à l’égalité, tout en faisant la promotion de la citoyenneté numérique et en favorisant une meilleure compréhension de l’incidence des technologies de l’information sur le bien-être des jeunes.

Le second projet de partenariat appuyé par la subvention du CRSH, Open AIR, s’articule autour d’un réseau géré à l’Université d’Ottawa par les professeurs de Beer et Oguamanam, qui relie entre eux des experts d’institutions d’enseignement post-secondaire situées en Afrique du Sud, de l’Est, du Nord et de l’Ouest. En collaboration avec des intervenants issus de tous les ordres de gouvernement, de la société civile et du secteur privé de 14 pays africains, ils cherchent à répondre à deux grandes questions de recherche. D’abord, comment  le concept d’innovation ouverte collaborative peut-il aider des entreprises à croître et à profiter des nouvelles occasions qu’offre une économie mondiale fondée sur le savoir ? Ensuite, quel système de gouvernance des connaissances doit-on adopter afin que la société tout entière tire parti des avantages socioéconomiques qui découlent de l’innovation ? La réponse à ces questions viendra faciliter la réalisation de projets d’innovation dont les retombées profiteront à un plus grand nombre de personnes dans les pays industrialisés comme dans les pays en développement.

Les chercheurs associés à Open AIR, notamment des économistes, des avocats, des gestionnaires, des politologues et d’autres chercheurs multidisciplinaires, s’intéressent à trois questions prioritaires. Le premier thème de recherche est axé sur l’innovation dans les grands centres technologiques, où naissent des agglomérats commerciaux perturbateurs qui croissent ensuite dans des incubateurs d’entreprises en Afrique et au Canada.  Le second thème de recherche vise l’entreprenariat dans le secteur informel, où la résilience et des pratiques innovatrices sont souvent associées à un esprit partagé d’ouverture organisationnelle. Troisièmement, le réseau mène des travaux de recherche de concert avec des communautés autochtones, au sein desquelles la production de connaissance est depuis longtemps une affaire collective. Dans chacun de ces domaines, Open AIR vise l’élaboration et le perfectionnement des politiques sur la propriété intellectuelle, des mesures de rendement et des pratiques de gestion.

Grâce à ce projet, les professeurs de Beer et Oguamanam comptent également créer de nouveaux liens et renforcer ceux qui unissent déjà le Canada et les économies émergentes de l’Afrique. Le réseau Open AIR relie des chercheurs et des étudiants canadiens, et, par le fait même, des décideurs des secteurs privé et public, à leurs homologues situés dans un continent qui tiendra un rôle de premier plan dans la croissance économique future. Le financement accordé à Open AIR permettra aux professeurs de Beer et Oguamanam ainsi qu’à leurs partenaires d’embaucher de nombreux étudiants de deuxième et de troisième cycle, des étudiants au doctorat en jurisprudence, de même que des associés de recherche postdoctorale. Les étudiants impliqués feront non seulement l’acquisition de précieuses compétences en recherche, d’expériences internationales et de perspectives uniques, mais verront également leur participation à ce projet de recherche transformer leur vie personnelle en les préparant à devenir des chefs de file dans le monde de la recherche et d’autres domaines.

Félicitations aux professeurs Steeves, Bailey, de Beer et Oguamanam pour leurs impressionnantes réalisations !