La violence et le harcèlement provenant des élèves sont « monnaie courante » pour la vaste majorité du personnel du secteur de l’éducation de la Saskatchewan

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Bureaux d'élèves dans une salle de classe vide
Feliphe Schiarolli (Unsplash)
Résumé

• Au cours de l’année scolaire 2022-2023, 87 % des travailleuses et travailleurs du secteur de l’éducation ont subi du harcèlement, et 84 %, au moins un acte de violence physique.
• Sept sur huit ont été au moins une fois victimes de harcèlement par des élèves.
• Les travailleuses du milieu ont subi deux fois plus d’incidents violents que leurs confrères.

Les travailleuses et travailleurs du secteur de l’éducation de la Saskatchewan subissent un degré inquiétant de violence et de harcèlement au travail, selon une récente étude mettant en lumière une situation qui a atteint un « point de rupture », aux dires des autrices et auteurs.

Les témoignages recueillis par les chercheuses et chercheurs de l’Université d’Ottawa révèlent que les écoles de la Saskatchewan sont loin d’offrir un environnement sûr et exempt de violence, puisque les incidents violents y sont de plus en plus courants.

« On m’a donné un coup de poing au visage, on m’a menacé avec des punaises aux yeux et des ciseaux à la gorge », témoigne un aide-enseignant. « [Un] élève a renversé la table, m’a étranglé avec mon cordon, a plusieurs fois lancé une chaise sur le mur [puis] sur la fenêtre, et a commencé à me donner des coups de pied », affirment des personnes sondées dans le cadre de l’étude.

Les constats

Pour cette étude nationale sur la violence et le harcèlement subis par les travailleuses et travailleurs du secteur de l’éducation, les chercheuses et chercheurs ont consulté 828 personnes, autant parmi le personnel enseignant que le personnel de soutien direct et indirect aux élèves. Voici leurs constats :

  • Près des trois quarts des répondantes et répondants ont subi une tentative de violence physique par une ou un élève.
  • 85 % des répondantes et répondants ont été témoins d’au moins un acte ou une tentative d’acte de violence physique ou une menace à cet effet d’une ou un élève envers une ou un collègue. Ces comportements s’accompagnent souvent du refus de respecter l’autorité, d’injures et de propos offensants.
  • 54 % des répondantes et répondants ont subi du harcèlement de la part des parents, le personnel enseignant et administratif faisant état des taux les plus élevés.
  • En moyenne, les femmes ont subi 20 actes ou tentatives d’acte de violence physique, ou de menaces à cet effet, et les hommes, 10.
  • L’identité a son rôle à jouer : les travailleuses et travailleurs du secteur de l’éducation ayant reçu un diagnostic de trouble de santé mentale sont plus souvent la cible de harcèlement, tout comme les membres de la communauté LGBTQIA2+.

« Les écoles de la Saskatchewan ont franchi le point de rupture. Toutes ces années de sous-financement et de diminution des ressources ont fait boule de neige, et c’est toute la communauté scolaire en qui paye le prix », explique Chris Bruckert, professeure titulaire à la Faculté des sciences sociales de l’Université d’Ottawa et chercheuse principale du projet.

Déstabilisant pour les élèves

Selon l’autrice principale, Darby Mallory, une doctorante dans le Département de criminologie : « On ne peut pas exagérer à quel point il est déstabilisant pour les élèves d’être régulièrement témoins de violence envers le personnel enseignant. L’étude recense trois grandes sphères affectées par la violence envers ce dernier : l’accès à l’éducation, la capacité d’apprendre et le bien-être émotionnel des élèves. »

Toujours selon l’étude, seulement 6 % des répondantes et répondants pensent que les mesures prises en réponse à la violence subie sont « très efficaces ». La majorité des mesures mises en place par les établissements contre la violence et le harcèlement au travail étaient réactives, contournaient les problèmes ou les minimisaient; les répondantes et répondants disent d’ailleurs que leurs préoccupations ne sont pas traitées comme des incidents, et sont le plus souvent « balayées sous le tapis ».

Des mesures proactives comme les plans de sécurité peuvent être utiles, mais leur efficacité est compromise par le manque chronique de ressources dans les écoles.

« La vaste majorité des travailleuses et travailleurs du secteur de l’éducation de la Saskatchewan se disent épuisés professionnellement, moins enthousiastes et insatisfaits de leur emploi, ajoute la professeure Bruckert du Département de criminologie. Lorsque les membres du personnel compétents du secteur de l’éducation abandonnent leur carrière et que les blessures physiques et mentales au travail accroissent la pression sur notre système de santé, nous en faisons tous les frais. »

L’étude Beyond the Breaking Point: Violence against Saskatchewan’s Education Sector Workers par Darby Mallory, Chris Bruckert, Hanya Ismail et Darcy Santor a été publiée le 24 septembre 2024.

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