La 5G ouvre un monde de possibilités pour l’Université d’Ottawa

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ibre optique bleue sur fond noir
L’Université d’Ottawa sera bientôt l’une des plus connectées au monde grâce à une entente de partenariat de 6 millions de dollars conclue avec TELUS Corporation qui la connectera au réseau 5G, la cinquième génération de réseaux sans fil.

Cette entente d’une durée de cinq à dix ans prévoit que TELUS installera des infrastructures 5G de pointe sur nos campus, en plus d’équiper deux laboratoires de recherche pour cette technologie.  Opérationnels vers la fin de l’année, ces laboratoires permettront à la communauté de recherche et la communauté étudiante de transmettre et de recevoir des quantités astronomiques de données à une vitesse de vingt à cinquante fois supérieure à celle du réseau 4G-LTE, pratiquement sans aucun délai.  

« Cela fait cinq à dix ans que le monde réclame la 5G et imagine toutes ces applications, qui viendront révolutionner notre quotidien, notre façon de travailler, nos recherches et notre productivité » déclare Guy Levesque, vice-recteur associé, innovation, partenariats et entrepreneuriat. « Le moment est enfin venu pour l’Université de faire le saut. C’est un outil formidable qui transformera le monde tel que nous le connaissons. » 

Un bond de géant pour la recherche 

L’entente avec TELUS a été chaudement accueillie par des chercheuses et chercheurs de l’Université de plusieurs domaines qui verront leur travail progresser considérablement grâce à cette technologie. Le réseau 5G constituera « un outil, une plateforme extraordinaire pour les chercheuses et les chercheurs dont les travaux exigent la collecte, le traitement et l’utilisation de grandes quantités de données pour mettre en œuvre des solutions », explique M. Lévesque. La recherche bénéficiera ainsi de données de grande qualité, accessibles et éclairantes, ajoute-t-il.  

En effet, la 5G propulsera la recherche dans nombre de domaines, comme la cybersécurité, le génie, la réalité virtuelle et la télémédecine. Les travaux de plus de quarante membres du corps professoral de l’Université d’Ottawa sont d’ailleurs déjà en lien avec le nouveau réseau. « La 5G est indispensable à l’Internet des objets », explique le professeur Shervin Shirmohammadi, Fellow de l’Institute of Electrical and Electronics Engineers et directeur du laboratoire Discover de l’Université d’Ottawa. L’Internet des objets désigne les objets ou les ensembles d’objets dotés de capteurs, de logiciels et de la capacité de communiquer avec d’autres systèmes et appareils au moyen d’un tel réseau. « Je suis ravi de voir l’Université à l’avant-garde dans ce domaine, et je suis convaincu que tout le monde en tirera profit », se réjouit le professeur Shirmohammadi, qui s’était déjà renseigné sur les coûts exorbitants de l’installation d’antennes et d’infrastructures pour son laboratoire. « Nous pouvons déjà commencer à concevoir et à tester les applications de demain, qui tireront profit de la haute vitesse et du faible délai du réseau 5G. » 

Professeure Melike Erol-Kantarci, titulaire de la chaire de recherche du Canada sur l’intelligence artificielle et les réseaux sans fil intelligents de nouvelle génération, plaidait en faveur d’un tel partenariat auprès du vice-recteur associé. Elle voit d’un bon œil cet accord, qu’elle juge « très prometteur ». Ses travaux sur l’intelligence artificielle appliquée aux réseaux sans fil 5G et 6G, aux réseaux électriques et aux véhicules électriques présenteront encore plus d’intérêt une fois le campus connecté. Elle entrevoit également de nouvelles avenues de recherche en santé et en agriculture. 

Du reste, les membres du Centre de recherche en droit, technologie et société de l'Université d'Ottawa qui étudient les aspects éthiques de la 5G et son influence sur la prise de décisions, le respect de la vie privée et la sécurité des données pourront étayer leurs travaux par des observations en situation réelle. 

Un formidable instrument d’apprentissage pour la communauté étudiante

La 5G améliorera la qualité de l’enseignement à distance pour les personnes hors campus, notamment celles qui vivent dans des régions éloignées. En plus d’améliorer les délais de transmission et la qualité des images durant les cours en ligne, le nouveau réseau offrira aux étudiantes et aux étudiants un environnement d’apprentissage immersif, virtuel et en réalité augmentée, comme le souligne M. Lévesque.  

L’Université d’Ottawa servira en quelque sorte de banc d’essai de la technologie 5G. La communauté étudiante aura la chance de participer à des projets de recherche de pointe dans des domaines comme l’intelligence artificielle, les jeux en ligne, l’infonuagique et la cybersécurité, qui s’appuient sur des mégadonnées. Selon les prévisions des scientifiques de l’Université d’Ottawa, le réseau 5G permettra de créer des environnements d’enseignement immersifs où les membres du corps enseignant et de la population étudiante pourraient même interagir par l’entremise d’avatars. « Une telle plateforme demande quelques années de recherche, et l’Université d’Ottawa pourrait en être la pionnière », espère le professeur Abdulmotaleb El Saddik, professeur et titulaire de chaire de recherche universitaire à l’École de science informatique et de génie électrique et directeur du Multimedia Communications Research Laboratory.  

M. Lévesque précise qu’au cours des prochaines années, l’Université sera à la recherche de membres novateurs du corps professoral pour lancer des projets pilotes visant à intégrer la réalité virtuelle dans les programmes et les méthodes d’enseignement. De même, elle sondera la population étudiante pour connaître leurs attentes face à la 5G, dont le rôle en enseignement continuera d’évoluer au cours de trois à cinq prochaines années. Les étudiantes et les étudiants pourront également profiter de l’accès au réseau pour acquérir les aptitudes qui, d’après l’Université, deviendront incontournables dans l’économie numérique post-COVID-19. Dans un rapport de 2018 produit pour l’Association canadienne des télécommunications sans fil, la société-conseil Accenture Strategy estime que le déploiement de la 5G créera 250 000 emplois permanents et injectera 40 milliards de dollars dans l’économie canadienne d’ici 2026. 

Quel que soit leur domaine d’études, les étudiantes et les étudiants gagneront en visibilité et en compétences en apprenant à utiliser et à développer des applications sur le réseau 5G. Ces compétences seront particulièrement indispensables dans les programmes de génie, selon un rapport interne de l’Université d’Ottawa analysant le potentiel de cette technologie révolutionnaire. Ce rapport, intitulé A 5G Campus: Opportunities, Possibilities and Transformative Impact, souligne par ailleurs que le développement de ces aptitudes sera essentiel à l’évolution de l’Internet des objets et de l’utilisation de mégadonnées, qui prendront fort probablement une immense importance avec l’intégration généralisée des capteurs et l’utilisation de données en temps réel pour l’exploitation de machines, d’usines, de chantiers de construction, d’instruments de surveillance environnementale et bien d’autres applications.  

Un campus intelligent 

Au printemps, TELUS commencera à installer les antennes et les infrastructures connexes du réseau sur les toits et lampadaires, ainsi qu’à l’intérieur et à l’extérieur des bâtiments. Le Centre de recherche médicale de pointe, qui sera construit sur le campus Alta Vista d’ici 2025, comportera aussi toutes les infrastructures 5G. Les salles de classe et les bâtiments intelligents, et même une navette autonome pour le transport du personnel et de la population étudiante sur le campus principal, transformeront la vie universitaire.  

La professeure Erol-Kantarci espère collaborer avec TELUS à l’application d’algorithmes d’intelligence artificielle, en vue d’optimiser les services de télécommunications sur le campus. À partir de données anonymisées du réseau 5G, elle pourrait déterminer les heures de pointe de l’utilisation du réseau, et les lieux où les étudiantes et les étudiants se connectent le plus souvent. Si elle observe une plus forte activité à la cafétéria pendant l’heure du dîner, elle pourra recommander à TELUS d’augmenter la capacité à cet endroit durant cette période. « Ce genre de décisions doit s’appuyer sur des données, et c’est là l’avantage de notre collaboration avec TELUS », explique-t-elle.  

La connexion au réseau 5G aura notamment l’avantage de réduire l’empreinte environnementale de l’Université, grâce à des capteurs intelligents intégrés aux bâtiments. Ces capteurs surveilleront la consommation d’énergie, la consommation d’eau et la qualité de l’air, et réagiront immédiatement à tout changement d’occupation ou d’utilisation des locaux. En outre, les capteurs connectés au réseau renforceront la sécurité des bâtiments et la cybersécurité. On pourrait même installer des capteurs aux postes de recyclage pour envoyer des notifications aux gestionnaires des installations lorsque les bacs sont pleins. Et lorsque les bâtiments sont pratiquement déserts, comme ce fut le cas durant la pandémie de COVID-19, le système pourrait réduire ou couper automatiquement l’éclairage et le chauffage. 

Un avantage concurrentiel 

Selon le vice-recteur associé et certains de ses collègues, la connexion au réseau 5G procurera à l’Université un avantage concurrentiel pour recruter et retenir les meilleurs cerveaux, tant au sein du corps professoral que de la population étudiante. « Nous compterons parmi les rares universités connectées à la 5G, qui nous permettra d’explorer des idées inédites », se félicite El Saddik. Il rêve déjà des progrès qu’il pourra accomplir grâce aux futurs laboratoires 5G.  

En somme, toute la communauté universitaire profitera des avantages de la 5G dans plusieurs sphères : recherche, développement d’applications, salles de classe et bâtiments intelligents, enseignement, accessibilité et gestion optimisée des activités et des infrastructures.    

L’installation du réseau 5G sur le campus cadre parfaitement avec les objectifs de l’Université, qui cherche à devenir un établissement d’enseignement toujours plus agile, plus interconnecté, plus influent et plus durable, conclut le vice-recteur associé.