Né à Ningarhar, en Afghanistan, il a connu à un très jeune âge l’invasion soviétique qui a ravagé son pays. Sa famille s’est réfugiée à Peshawar, ville tribale dans le nord-ouest du Pakistan, à seulement 50 kilomètres de la frontière afghane. Il a grandi aux côtés de ses compatriotes ayant fui le pays comme sa famille, ce qui a instillé en lui dès son enfance une profonde empathie pour les populations déplacées et un sens aigu de la justice et des droits de la personne.
Son parcours scolaire a pris un tournant majeur en 1998, lorsque l’organisme Entraide universitaire mondiale du Canada (EUMC) l’a sélectionné avec 16 autres réfugiées et réfugiés afghans dans le cadre de son programme, assorti d’une bourse d’études du Collège de l’Atlantique Nord à Burin, à Terre-Neuve. Avide d’apprendre et déterminé à changer les choses, il a saisi cette occasion de poursuivre des études postsecondaires au Canada. Il s’est donc installé à Burin en octobre 1998, et il y a passé deux trimestres avant d’entreprendre des études de premier cycle à l’Université Memorial de St. John’s, toujours à Terre-Neuve.
Durant cette période, il a servi activement diverses causes touchant les droits de la personne, en collaboration avec des organismes tels qu’Oxfam Canada et la Croix-Rouge. Son dévouement humanitaire l’a amené à sortir du pays, lorsqu’il a été désigné jeune ambassadeur de la province dans le cadre de la campagne internationale pour l’interdiction des mines terrestres. Il a vu de ses yeux les ravages du conflit armé en Bosnie et a été témoin des efforts humanitaires pour le déminage dirigés par le Canada et la Bosnie-Herzégovine. Cette expérience marquante a renforcé sa détermination à améliorer le monde.
Motivé par sa participation aux efforts d’aide humanitaire et de développement, conjuguée à son exposition constante au droit international, Ajmal Pashtoonyar a décidé de faire des études en droit. Au cœur de la capitale nationale, la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa lui a offert un cadre d’apprentissage immersif dans le monde juridique et la chance de profiter du mentorat de membres du corps professoral. Sa passion pour le droit international et les droits de la personne s’est exprimée dans plusieurs projets et initiatives pendant ses années à la Faculté.
Entre autres expériences notables, il a participé au stage de politique étrangère du professeur Craig Forcese, où son équipe de recherche s’est penchée sur l’affaire Omar Khadr, le citoyen canadien de 15 ans qui a été détenu par les États-Unis au camp de Guantánamo. Les résultats de cette étude ont été présentés devant la Chambre des communes, et les membres de l’équipe ont été appelés à témoigner devant une commission parlementaire. Il a également eu la chance d’offrir gratuitement des services de recherche juridique au sénateur Roméo Dallaire sur la difficile question des enfants-soldats. Pour Ajmal Pashtoonyar, il s'agissait d'une occasion unique de découvrir comment l'État de droit, la politique et les droits de l'homme s'entrecroisent et d'apprendre directement ce qu'est la défense d'un client de la part du Capitaine de corvette de la marine américaine William (Bill) Kuebler, l'avocat de la défense désigné par l'armée américaine à Guantanamo Bay pour Khadr, qui avait fait une présentation à sa classe à l'Université d'Ottawa en 2008.
Une fois son diplôme en poche, en 2009, Ajmal Pashtoonyar s’est vu octroyer une prestigieuse bourse de recherche de la Fondation Walter et Duncan Gordon. Ces fonds ont financé ses recherches sur le terrain en Bosnie-Herzégovine, en Sierra Leone et au Rwanda, pour ses travaux sur la justice transitionnelle et les processus de réconciliation. Les informations qu’il en a tirées ont pris une grande importance dans son travail au Bureau du Procureur à la Cour pénale internationale, où il a été professionnel invité en 2011 au sujet de la situation en Afghanistan.
Depuis 2012, il est conseiller au Bureau des politiques consulaires d’Affaires mondiales Canada, où il s’efforce de mettre en place une collaboration juridique pour les litiges de droit international privé impliquant des pays non signataires de traités internationaux. Son travail l’a amené à discerner les complexités et les possibilités inhérentes à la recherche d’un terrain d’entente fondé sur les droits de la personne dans les nombreux systèmes juridiques du monde. Il a été sollicité par des services consulaires pour résoudre des cas compliqués, comme des enlèvements d’enfants et des mariages forcés.
« La formation en droit que j’ai acquise à l’Université d’Ottawa m’a donné les moyens de réaliser mes ambitions et de m’attaquer à des questions de droit international complexes. »
En 2020, en pleine pandémie de COVID-19, il a joué un rôle important dans la préparation de la réponse du Canada contre les détentions arbitraires dans les relations entre États. Il a contribué à la formulation d’une déclaration canadienne qui a obtenu l’adhésion de plus de 70 pays, afin de renforcer la protection des personnes contre les détentions arbitraires et le respect des principes de la justice et des droits de la personne. Cette déclaration contre la détention arbitraire dans les relations entre États a été saluée par le président américain Biden dans son récent discours devant le Parlement canadien en mars 2023.
Ajmal Pashtoonyar attribue son remarquable parcours à sa soif d’apprendre et de découvrir de nouvelles perspectives, qui a été un moteur dans sa vie et son engagement à faire bouger les choses.
« Notre monde est fait de différences, et je me sens privilégié d’être allé travailler et apprendre auprès des populations d’autres pays, notamment les plus vulnérables et marginalisées. C’est ce qui me motive et m’inspire à agir concrètement pour renforcer encore plus le bien commun. »
À son poste actuel à Affaires mondiales Canada, il apporte ses conseils stratégiques sur le droit pénal international, les droits de la personne et le droit international public, y compris sur la jurisprudence et les procédures de tribunaux internationaux. Il fait partie de l’équipe juridique canadienne chargée de demander des comptes à l’Iran pour l’abattage du vol PS752 de la compagnie Ukraine International Airlines.
Lorsqu’il repense à son parcours, du jeune réfugié qu’il était à l’ardent défenseur des droits et expert juridique qu’il est devenu, Ajmal Pashtoonyar encourage les étudiantes et étudiants en droit à « faire preuve de curiosité et tirer pleinement profit du riche programme et des activités parascolaires qu’offre la Faculté, s’engager dans le travail bénévole et, peu importe leur champ d’intérêt, s’intéresser à d’autres domaines juridiques, notamment le droit international ».