En 2018-2019, Danielle Lussier, conseillère en apprentissage des peuples autochtones de l’époque, a mis sur pied un projet de perlage. L’idée : concevoir et réaliser des écussons que porteraient les finissantes et finissants autochtones sur leur étole au moment de récupérer leur diplôme sur la scène. C’est ce qui a donné naissance à Àbimì.
Kelly Duquette, diplômée de la promotion 2019, est l’une des membres de la communauté consultées au moment de créer le concept. Pour elle, « Àbimì symbolise la force et la détermination des apprenantes et apprenants autochtones. »
« Épinglée à nos étoles, Àbimì continue d’évoquer notre résilience et l’importance de la communauté tout au long de notre cheminement en droit. »
Kelly Duquette (J.D. 2019)
— Avocate , Dentons LLP
Zac Thiffault, diplômé de la Faculté de droit en 2020, en était à sa deuxième année d’études quand Àbimì a fait son entrée. « Aujourd’hui, elle nous rappelle les efforts que les membres de la communauté étudiante autochtone en droit, ainsi que l’association qui les représente, déploient jour après jour pour être présents dans les facultés de droit au Canada.
« Il est plus qu’approprié que son nom signifie “défendre”. »
Zac Thiffault (J.D. 2020)
— Conseiller juridique, Métis Nation of Ontario
En langue anishinaabe , Àbimì signifie « défendre ». On y remarque le wampum à deux rangs, ou Guswenta, qui lui traverse les yeux et le cœur. Très précieuse pour la communauté d’apprentissage autochtone, elle repose tout juste au-dessus du cœur des finissantes et finissants autochtones qui défilent sur scène avec leurs pairs.
À la Faculté, Àbimì est synonyme de sentiment d’appartenance. Pour Courtney Wilbur, « Àbimì évoque la communauté, la familiarité, l’appartenance et la résistance. J’apprécie tout particulièrement sa capacité à réunir subtilement, et sainement, les apprenantes et apprenants autochtones. Elle nous rappelle tout doucement que nous sommes les bienvenus dans un espace colonial, et que notre opinion compte. Elle nous encourage aussi à nous exprimer avec amour, humilité et vérité, et à entrer avec grâce, honneur et gratitude dans la profession juridique au Canada. »
« Àbimì m’a incitée à ne jamais perdre de vue mes origines, et à toujours faire honneur à mes ancêtres et à ma communauté dans ma façon d’agir. »
Courtney Wilbur (Nän Chié á – J.D. 2021)
— Diplômée autochtone de la Faculté de droit, Section de common law
Àbimì accompagne les apprenantes et apprenants autochtones tout au long de leurs études en droit, de leur arrivée à la Faculté à l’obtention de leur diplôme. Elle les suit aussi au-delà de ce parcours, un rappel constant de leurs responsabilités.
Abby Green (J.D. 2022) se souvient du moment où ce symbole évocateur lui a été présenté. « C’est pendant ma première année de droit, en 2019, que j’ai fait la connaissance d’Àbimì. Elle a eu une profonde influence sur moi dès le tout premier jour. Semaine après semaine, dans nos cercles, elle m’a appris l’importance de bien sécuriser chaque perle aux écussons que je préparais pour les apprenantes et apprenants autochtones. Des années plus tard, elle a traversé la scène avec moi, aux côtés de mes pairs, tandis que j’allais récupérer mon diplôme. »
« Aujourd’hui, on peut trouver Àbimì dans mon bureau; elle me rappelle nos responsabilités en tant que personnes et que juristes. »
Abby Green (J.D. 2022)
— Auxiliaire juridique à la Cour suprême du Canada en 2025-2026
Le cercle de perlage est organisé par Tasha Simon, spécialiste des programmes autochtones, depuis sa création. Il réunit chaque semaine les membres de la Faculté qui souhaitent s’y retrouver en communauté pour apprendre de nouvelles techniques et cultiver leurs liens. C’est pendant ces séances que les membres travaillent au concept destiné aux finissantes et finissant autochtones de l’année en cours.
Tasha Simon, diplômée de la promotion 2020, se souvient bien d’avoir pris part à un cercle de perlage pendant ses études, et de ce que cela signifiait pour elle à l’époque. « J’en ai retiré un sentiment d’appartenance communautaire qui m’avait manqué à ma première année d’études en droit. Cette même communauté m’a épaulée jusqu’à l’obtention de mon diplôme. »
« C’est un honneur de pouvoir perpétuer cette tradition rassembleuse et ouverte à tout le monde au sein de la Faculté. »
Tasha Simon (J.D. 2020)
— Spécialiste des programmes autochtones, Section de common law
Préserver cette tradition est aussi un honneur, puisque l’on y prépare des écussons pour les prochaines figures autochtones du changement. Après tout, la communauté autochtone diplômée de l’Université d’Ottawa va loin. Citons l’exemple de l’honorable Michelle O’Bonsawin, juge à la Cour suprême du Canada, qui a reçu un de ces écussons au moment d’obtenir son doctorat en droit de l’Université d’Ottawa en 2022. La juge O’Bonsawin est honorée de porter Àbimì. « C’est avec beaucoup d’humilité et d’honneur que j’ai reçu mon étole ornée d’Àbimì. Elle représente mon apprentissage en tant qu’Autochtone et que Franco-Ontarienne, depuis mes débuts à l’Université Laurentienne jusqu’à la Cour suprême du Canada. »
« Je la porte avec fierté pendant les cérémonies et d’autres événements, et j’explique ce qu’elle signifie. Elle me rappelle qui je suis et d’où je viens. »
Michelle O’Bonsawin (Ph.D. 2022)
— Juge, Cour suprême du Canada
Comme le veut la tradition, chaque finissante et finissant autochtone a reçu une étole personnalisée lors de la collation des grades. Àbimì est ce qui rattache tous ces écussons perlés entre eux. Elle se porte au même endroit : sur le cœur de ceux et celles qui la portent, les reliant à leur cœur, entre eux et à notre faculté.
Une cérémonie de purification par la fumée s’est tenue avant la remise des étoles, en présence des finissantes et finissants autochtones, de leur famille et de leurs proches. Dirigé par Tasha Simon, ce rituel sacré a permis de bénir les étoles et de les envelopper d’énergie positive et d’un esprit d’unité. Gage du profond respect envers les traditions autochtones à la Faculté et de l’importance que celle-ci y accorde, la cérémonie a souligné les réalisations de ses apprenantes et apprenants autochtones de manière profondément significative.