L’événement d’une semaine en mai a été l’occasion pour nos universitaires chevronnés et émergents de présenter leurs résultats de recherche dans le cadre de colloques, d’exposés individuels et d’activités savantes. De l’orientation scolaire à l’enseignement des langues en passant par l’intelligence artificielle et l’évaluation, les thèmes abordés ont généré des discussions constructives et ont ouvert de nouvelles avenues pour la recherche en français.
L’orientation scolaire et l’enseignement supérieur en français
Accompagné de collègues d’universités québécoises et suisses, le professeur d’orientation scolaire et professionnelle André Samson a accueilli des parties prenantes du milieu de la recherche et du monde professionnel dans le cadre d’une discussion de deux jours sur l’importance de l’orientation scolaire pour les étudiantes et étudiants francophones. On y a exploré les difficultés associées à la transition vers les études supérieures, mais aussi les avantages d’étudier dans sa langue maternelle. Des recherches ont démontré que les services d’orientation scolaire en français influent sur la construction identitaire, le bien-être psychologique et l’avenir professionnel.
« Dans un environnement à minorité francophone, les gens de la profession se font demander s’il est réaliste pour une personne en douzième année de poursuivre ses études en français. Je crois que oui », estime le professeur Samson.
« On observe une corrélation positive entre la poursuite des études postsecondaires en français et le bien-être psychologique, ajoute-t-il. C’est un choix qui aide les francophones à mieux s’adapter aux exigences scolaires et à renforcer leur identité ethnolinguistique. Bref, c’est un facteur de réussite scolaire. »
« Transiter d’une école secondaire vers l’université ou le collégial, ce n’est pas toujours facile parce que c’est un nouvel environnement, c’est une grosse étape, et le faire en français, ça favorise l’adaptation à ce nouvel environnement, le professeur Samson a-t-il expliqué dans une entrevue à Radio-Canada. Et surtout, c’est un tremplin pour le marché du travail. »
Les conceptions relatives à l'enseignement et à l'apprentissage en classe de langue
Dans le cadre d'un colloque organisé par la professeure Claude Quevillon Lacasse et deux chercheuses de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), les conceptions de personnes enseignantes ou apprenantes en classe de langue ont été discutées à travers différentes méthodologies de recherche et approches d’enseignement des langues, en particulier pour l'enseignement-apprentissage de la grammaire et de l'écriture (de l’école primaire à l’université).
De ces échanges est ressortie l’importance de clarifier les concepts pour comprendre, d’une part, la façon dont on apprend les fondements grammaticaux, et d’autre part, son influence sur le développement des compétences d’écriture. En fournissant du contexte, on facilite l’échange de connaissances entre les disciplines, et entre les langues et leurs variétés.
« Les travaux présentés ont donné lieu à des conversations enrichissantes, souligne la professeure Quevillon Lacasse. Non seulement les références et cadres méthodologiques étaient variés, mais les projets se complémentaient à merveille. »
L’évolution du milieu de l’enseignement
Avec plus d’une douzaine de présentations mettant en lumière le travail de 23 universitaires, la séance Comprendre le métier enseignant et ses transformations a dressé le portrait de la situation au Canada et à l’international.
Nathalie Bélanger, directrice de l’Observatoire sur l’éducation en contexte linguistique minoritaire, était responsable de la séance sur l’enseignement en contexte francophone majoritaire (Québec, France, etc.) et minoritaire (Nouveau-Brunswick, Ontario, Bretagne, etc.).
Dans une entrevue avec Radio-Canada, elle se disait d’accord avec l’animateur Philippe Marcoux pour affirmer que l’enseignement était une « profession qui a toujours été appelée à s’adapter au contexte social et politique toujours en changement, mais [que] cette dynamique est encore plus complexe quand on parle d’une situation linguistique minoritaire ».
« On s’intéressait à qui quitte la profession, qui engager, la réalité du travail enseignant, la formation, comment on forme nos enseignantes et enseignants et aussi les aspects liés aux stages », a-t-elle expliqué.
« L’école reste une institution essentielle pour la pérennité de nos communautés francophones. [La conversation] a été bien stimulante. »
L’intelligence artificielle et l’EDI dans l’enseignement supérieur
Quelle est l’influence de l’intelligence artificielle sur l’équité, la diversité et l’inclusion en contexte universitaire? Les membres du corps professoral Banafsheh Karamifar et El Hadji Yaya Koné ont exploré la question du point de vue étudiant et enseignant.
Parmi les thématiques abordées, mentionnons le manque de variété linguistique dans les bases de données des systèmes d’intelligence artificielle (IA) générative, le rôle de l’IA dans la formation de la prochaine génération de chercheuses et de chercheurs francophones et les enjeux éthiques liés au stockage et à l’utilisation de données générées par l’IA. L’établissement d’un cadre réglementaire pour l’utilisation et le développement de cette technologie dans les universités a aussi été un thème récurrent.
« En analysant sous divers angles les liens entre l’inclusion et l’IA dans l’enseignement supérieur, nous avons réfléchi à l’évolution des technologies didactiques, explique le professeur Koné. C’était une conversation animée où nous avons abordé la technophobie, la technophilie, l’évaluation des apprentissages et la fraude intellectuelle. »
Évaluation, prise de décisions et développement durable
Le colloque Penser l’évaluation pour un monde durable, animé par David Buetti et Isabelle Bourgeois, a exploré la diversité des pratiques en matière d’évaluation et leur effet sur la prise de décisions et l’amélioration continue. La journée a commencé par une conférence du professeur Thomas Archibald sur les fondements de la « pensée évaluative » et sur la façon de l’appliquer dans le cadre de nos fonctions. Les travaux présentés par la suite ont quant à eux illustré concrètement les contributions de l’évaluation dans la communauté, les organismes publics et le secteur de l’aide internationale.
« Nous avons eu droit à des conversations instructives entre universitaires et spécialistes de l’évaluation provenant de divers établissements au Canada, aux États-Unis et au Pérou, puis la journée s’est conclue par une activité de synthèse où de nouvelles idées d’action et de recherche pour l’avenir ont émergé » ajoute la professeure Bourgeois.
Langue française, éducation autochtone et STIM
D’autres colloques et événements ont braqué les projecteurs sur des membres de la Faculté d’éducation : Enjeux actuels de l’éducation de langue française au Canada,Approches collaboratives à l’éducation autochtone et Haut-parleuses, des activités animées par des femmes du milieu universitaire.