Mariama, Étude en économie internationale et développement, 4e année
Pays de stage de terrain : Côte d’Ivoire
ONG Canadienne : Alternatives
ONG locale : Sterna Africa Côte d’Ivoire
Poste : Agente en éducation, environnement et gestion de projet
Au cours de mon stage en Côte d’Ivoire, j’ai été immergée dans un environnement où les défis liés au financement des projets communautaires se mêlent aux aspirations à un développement durable. Mon rôle au sein de l’ONG STERNA AFRICA m’a permis de mieux comprendre les complexités de la gestion de projet, notamment lorsqu’il s’agit de mobiliser des ressources financières dans un contexte marqué par des lois et des pratiques administratives souvent contraignantes.
La Bibliothèque de Dadiékro : Un projet à obstacle
Le projet phare de cette période a été la construction d’une bibliothèque dans le village de Dadiékro. Cette bibliothèque, bien plus qu’un simple bâtiment, se veut un centre d’apprentissage et d’émancipation pour les enfants et les jeunes de cette communauté rurale. Dadiékro, comme de nombreux villages en Côte d’Ivoire, fait face à des défis éducatifs importants. Les enfants n’y ont pas accès aux mêmes ressources que leurs pairs en milieu urbain, ce qui creuse un écart dans les opportunités éducatives et professionnelles. Cette bibliothèque vise à réduire cet écart en offrant un accès à des livres, des espaces de lecture, et à des activités pédagogiques adaptées.
Cependant, mener à bien un tel projet n’est pas sans obstacles. Dès le départ, nous avons dû préparer des documents détaillés pour présenter notre vision : analyses des risques, définition des objectifs, mobilisation des volontaires, et organisation de consultations avec la population locale. Ces étapes sont essentielles pour garantir la faisabilité et l’acceptabilité du projet. Malgré cela, le défi majeur demeure : trouver des fonds pour concrétiser cette vision.
Difficultés de financement pour les petites ONG
En Côte d’Ivoire, les petites ONG, bien qu’essentielles pour répondre aux besoins locaux, reçoivent rarement un soutien financier direct de l’État. Bien que le pays ait adopté les Objectifs de Développement Durable (ODD) des Nations Unies, les moyens alloués à leur mise en œuvre ne parviennent pas toujours jusqu’aux petites structures. Les ONG locales doivent souvent compter sur leurs propres ressources ou sur le soutien de donateurs privés. Par exemple, la législation en vigueur impose aux ONG de passer par des processus administratifs longs et coûteux pour accéder à des subventions publiques, ce qui limite considérablement leurs possibilités. De plus, le retrait inattendu de notre principal partenaire financier a compliqué davantage la réalisation de la bibliothèque.
Pour pallier ce manque, nous avons lancé une campagne de financement participatif. Cette initiative repose sur l’espoir de toucher des individus sensibles à notre cause, mais elle reste incertaine quant aux résultats. À deux semaines de la fin de mon stage, je doute que les fonds nécessaires soient réunis à temps pour débuter la construction en août, comme initialement prévu. Cependant, je garde l’espoir que les efforts déployés porteront leurs fruits, car l’impact potentiel de ce projet sur la communauté est immense.
Mon expérience m’a également ouvert les yeux sur l’incroyable résilience et détermination des petites ONG locales. Malgré les obstacles juridiques et financiers, elles persévèrent, animées par la conviction profonde que leur travail fait une différence. Mon stage m’a appris que derrière chaque projet réussi se cache un immense travail, souvent invisible, mais toujours guidé par une volonté de créer un changement positif et durable.