Smith s’est ensuite tourné vers les études supérieures. Après avoir obtenu une maîtrise en recherche en éducation, il a entrepris son doctorat dans notre Faculté. Sa recherche doctorale, financée partiellement par une bourse d’études supérieures du Canada du Conseil de recherches en sciences humaines, vient à point nommé en cette période où les nouvelles technologies continuent de transformer l’enseignement et l’apprentissage.
Dans le cadre de notre série Les universitaires en éducation, nous nous sommes entretenus avec Cameron W. Smith pour qu’il nous raconte comment son intérêt pour les technologies éducatives a fait naître en lui des questions plus profondes sur le soutien au personnel enseignant par le perfectionnement professionnel et la création d’une communauté.
Parlez-nous de votre parcours et de ce qui a éveillé votre intérêt pour la recherche.
J’ai grandi en Europe dans une famille militaire qui déménageait souvent. Exposé à une foule d’endroits différents, j’ai toujours été fasciné par les langues – leur fonctionnement, leur utilisation et leur apprentissage. J’imagine que ces questionnements m’ont orienté vers une carrière en enseignement des langues !
J’ai d’abord été enseignant de français langue seconde au niveau élémentaire. Pendant cette période, j’ai travaillé comme formateur en technologie auprès du conseil scolaire : j’aidais alors les enseignantes et enseignants qui souhaitaient utiliser des technologies en classe. Après avoir obtenu une maîtrise ès arts en Alberta dans le domaine de la recherche en éducation, je suis retourné en Ontario – en 2020, au beau milieu de la pandémie ! – pour entamer mes études doctorales ici, à l’Université d’Ottawa, sous la direction de la professeure Stephanie Arnott.
Décrivez-nous votre projet de recherche doctorale.
Mon étude porte sur l’utilisation des technologies éducatives par les enseignantes et enseignants de FLS. Je m’intéresse à ce qu’elles et ils font – et pensent – de ces outils dans leur milieu de travail, et je souhaite connaître leur expérience. On sait qu’une foule de facteurs – les opinions personnelles, la formation, l’accès aux appareils, les expériences positives ou négatives des technologies, etc. – peuvent expliquer pourquoi et comment le personnel enseignant utilise ou non les technologies. Mais personne ne s’est vraiment penché sur le sujet dans le contexte du FLS. Plus précisément, j’ai créé un petit groupe de perfectionnement professionnel (une « communauté de pratique ») pour réunir les enseignantes et enseignants de FLS. Cette démarche collaborative nous a aidés à apprendre ensemble. J’ai rencontré les membres du groupe toutes les deux semaines durant une année scolaire pour concevoir des leçons à l’aide de technologies. J’ai aussi passé quelques jours par mois dans la classe de chaque enseignante ou enseignant pour observer son travail et l’aider à atteindre ses objectifs.
Qu’est-ce qui vous a motivé à explorer les technologies dans l’enseignement ?
J’avais des questions et je voulais en savoir plus ! J’ai été très inspiré par ma première année d’enseignement, quand je donnais des cours de français de base aux élèves de la 4e à la 8e année. Cette année-là a été remplie de questionnements et de frustrations en lien avec l’utilisation des technologies en FLS. Je n’étais pas certain de travailler efficacement pour mes élèves, et le FLS a posé des obstacles inattendus sur mon parcours. C’était un cauchemar d’essayer de planifier l’utilisation des appareils : il me fallait partager les ressources avec différentes équipes de titulaires de classe, et composer avec une quantité limitée d’applications et de contenu en français. Était-ce aussi l’expérience des autres enseignantes et enseignants de FLS ? Comment ces personnes s’organisaient-elles dans leur classe ? Et je me sentais plutôt isolé dans mon école parce que j’y étais le seul à enseigner le FLS. Personne ne comprenait assez bien mon travail pour me proposer des stratégies réalistes et pratiques. Il m’a donc paru d’autant plus important, dans mon étude, de créer une communauté. Je voulais éviter que chaque personne travaille en vase clos : mon but, c’était que mon étude aide les enseignantes et enseignants à mettre en commun les ressources, le temps et l’énergie nécessaires à la conception de leçons avec supports technologiques qui serviraient à tout le monde.
À qui voudriez-vous que vos travaux profitent ?
Eh bien, les gens avec qui j’ai travaillé ont dit qu’ils avaient trouvé l’expérience agréable et enrichissante! C’est le grand avantage de la recherche participative : elle est déjà liée aux tâches quotidiennes des enseignantes et enseignants. D’ailleurs, ces personnes sont des leaders dans leur communauté et connaissent bien la culture du conseil scolaire; elles ont donc parlé de leurs apprentissages dans leurs conversations entre collègues, ce qui est formidable! Plus généralement, j’espère que mes constats vont inspirer et aider d’autres communautés en FLS. Il est important de continuer à approfondir notre compréhension de l’enseignement du FLS et de trouver un juste milieu entre les idéaux et les réalités du domaine.
De plus, quand la pandémie nous a imposé l’enseignement en ligne, les médias et les milieux universitaires se sont mis à parler énormément des technologies éducatives. Donc, il est utile de voir ce qui a changé (maintenant qu’on est revenu à l’enseignement en personne) pour orienter l’avenir de la technologie dans les cours de langue. Qu’est-ce que le personnel enseignant a continué de faire ? Que perçoit-il différemment ? Quels sont les nouveaux défis à relever ?
Pourquoi avez-vous choisi l’Université d’Ottawa ?
Je ne pouvais pas imaginer un meilleur endroit où étudier le FLS que l’Université d’Ottawa. À la Faculté d’éducation, la recherche en langues secondes est un domaine d’expertise important. J’ai été très chanceux de travailler avec tant de membres du corps professoral et d’autres étudiantes et étudiants de cycle supérieur, en particulier avec le groupe de recherche EducLang, qui a vraiment marqué mon parcours. Il en va de même pour les technologies éducatives. On ne manque pas de spécialistes en la matière, et j’ai pu profiter de leurs différentes perspectives et connaissances. En plus, grâce au travail de l’Institut des langues officielles et du bilinguisme, cette expertise se reflète plus largement dans les recherches et la culture de l’Université. J’aime pouvoir nouer des contacts partout à l’Université et trouver des universitaires qui entreprennent des recherches sur les langues dans toutes les facultés.
Apprenez-en plus sur les recherches de Cameron W. Smith sur son profil Google Scholar.