Une nouvelle recherche de l’Université d’Ottawa dresse le portrait complexe des réactions des jeunes femmes lors de conflits interpersonnels et montre que la vengeance est souvent la réponse au rejet et à l’exclusion sociale perçue par les autres femmes.
L’étude, publiée dans la revue Scientific Reports de Nature, met en évidence la nature complexe des relations interpersonnelles entre femmes en examinant le stress lié au rejet et en déterminant si le caractère de celles qui imposent le rejet influence la douleur sociale éprouvée par les femmes.
Les recherches antérieures de la professeure Tracy Vaillancourt de l’Université d’Ottawa ont montré que le statut social dont jouissent les jeunes femmes est lié à leur beauté et à leur cruauté (pensez au film Méchantes ados). Ces conclusions l’ont amenée à se demander s’il est plus douloureux de se faire rejeter par une femme belle et cruelle ou par une femme dépourvue de telles caractéristiques. Elle s’est donc lancée dans l’analyse des comportements et facteurs neurologiques à la base de l’exclusion par les pairs.
Dans le cadre de l’étude, elle a provoqué l’exclusion sociale de 87 jeunes femmes en utilisant Cyberball, un jeu vidéo de renvoi de balle en ligne dans lequel les participantes devaient jouer contre des joueuses fictives. La douleur sociale était mesurée par électroencéphalographie.
« Comme les femmes ayant le plus de pouvoir sont généralement belles et méchantes, nous pensions que les femmes rejetées par ce type de femmes seraient les plus blessées », explique la professeure Vaillancourt, dont les travaux antérieurs dans ce domaine portaient sur les relations interpersonnelles entre femmes.
Mais l’étude a donné des résultats qui ont surpris la chercheuse et son équipe.
« Contrairement à ce que nous avions prédit, les participantes étaient le plus agacées lorsqu’elles étaient rejetées par des femmes peu attirantes et peu amicales », souligne la professeure Vaillancourt, qui estime que les femmes étaient peut-être froissées d’avoir été rejetées par des femmes qu’elles jugeaient moins belles qu’elles. Si l’équipe ne s’attendait pas à un tel résultat, elle avait tout de même prédit la volonté des femmes de punir les femmes séduisantes. En effet, les femmes n’ont baissé que la note de beauté chez les femmes belles et méchantes.
« Il est intéressant de noter que si les participantes n’ont pas aimé être rejetées par les femmes peu attirantes et peu amicales, elles ne les ont pas punies pour ce comportement. Elles s’en sont plutôt prises à celles qu’on pourrait qualifier de femmes alpha en leur attribuant une note de beauté moins élevée », précise Tracy Vaillancourt qui, en plus d’être professeure en psychologie du counseling à la Faculté d’éducation, est titulaire de la Chaire de recherche du Canada en santé mentale et en prévention de la violence en milieu scolaire.
« Ces conclusions témoignent de la complexité des interactions entre femmes. Ces dernières sont très sensibles aux signes d’exclusion sociale, et c’est cette sensibilité qui a assuré notre survie. En effet, le système d’alarme neuronal associé à la non-appartenance a poussé nos ancêtres à collaborer et à s’intégrer. Ce mécanisme est bénéfique. Le problème, c’est que les femmes sont beaucoup plus sensibles que les hommes à ces signes, ce qui les place dans un état de détresse lorsqu’elles se sentent ou pensent qu’elles seront exclues. »
La chercheuse ajoute aux tactiques d’agression utilisées par les femmes l’omniprésence de l’exclusion sociale, mais précise qu’il faudrait approfondir les recherches sur les conséquences blessantes sur les plans émotionnel et physiologique de ce phénomène.
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