La Francophonie du futur doit être un outil de coopération de premier choix

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Groupe des Ambassadeurs Francophones d'Ottawa
Pendant la pandémie, on a vu se créer des frontières, émerger le nationalisme et s’instaurer une culture numérique utile, mais menaçante pour ceux qui n’y étaient pas préparés. Cependant, cette épreuve a mis au jour la grande force de la Francophonie : la solidarité dans la diversité. En cette ère post-covid, le Groupe des Ambassadeurs Francophones d’Ottawa propose de tabler sur cette force pour inscrire la Francophonie dans le futur en renforçant l’usage et l’enseignement du français, en défendant la diversité linguistique et culturelle, et en œuvrant en faveur de la paix et de la démocratie.

Pour souligner la Journée de la Francophonie, Jacques Frémont, recteur de l’Université d’Ottawa et Sanni Yaya, vice-recteur, International et Francophonie, accueillaient ce mercredi 22 mars 2023 le Groupe des Ambassadeurs Francophones d’Ottawa et Catherine Cano, ancienne administratrice de l’OIF, dans le cadre de la série de conférences Dialogue et perspectives uOInternational pour animer une réflexion autour de « La Francophonie, Défis et Perspectives à l’ère post-Covid ». Le professeur Lavagnon Ika de l'École de gestion Telfer de l'Université d'Ottawa a modéré la conférence.

S. E. Patrick Van Gheel, ambassadeur du Royaume de Belgique au Canada a ouvert la conférence en rappelant les objectifs du Groupe des Ambassadeurs Francophones : promouvoir la langue française ainsi que les principes de la Francophonie. Faisant un retour sur les dommages causés par la pandémie, il propose d’en tirer des leçons pour l’avenir. Contre les barrières protectionnistes, il croit par exemple que la solution se trouve dans la création de marchés communs francophones. Catherine Cano, ancienne administratrice de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et présidente de CanoVision a abondé dans le même sens et a déclaré que la Francophonie doit mettre en marche des actions concrètes pour contrer les défis actuels. Elle propose notamment de privilégier les innovations francophones en Afrique. Elle en a profité pour faire un plaidoyer en faveur de la langue française.

S’en est suivi la réflexion du jour sur le thème proposé autour de quatre axes soit l’influence de la Francophonie dans le monde, en particulier dans les hauts lieux du savoir comme les universités, le renforcement de l’usage et de l’enseignement du français, la diversité culturelle et linguistique en collaboration avec la Lusophonie et l’Hispanophonie, par exemple, et enfin, la consolidation de la coopération entre les pays membres de la Francophonie pour prévenir les conflits et en faciliter la résolution pacifiquement et promouvoir la médiation.

Le professeur Lavagnon Ika, lui-même francophone, originaire du Bénin, « Quartier latin de l’Afrique » a-t-il précisé avec humour, a modéré les interventions avec habileté, finesse intellectuelle et humour, citant notamment Gilles Vignault : « La francophonie, c’est un vaste pays, sans frontières. C’est celui de la langue française. »

Pour les panélistes, S.E. Konstantina Athanassiadou, ambassadeur plénipotentiaire et extraordinaire de la Grèce au Canada, S.E. Bafétigué Ouattara, ambassadeur de la République de Côte d'Ivoire au Canada, S.E. Bogdan Mănoiu, ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la Roumanie au Canada, la Francophonie doit se réinventer et puiser dans sa valeur ajoutée axée sur la solidarité, la diversité, le cosmopolisme et le libéralisme pour prendre plus de place dans l’édification de l’avenir.

De ce débat, on retiendra que pour renforcer l’usage du français, la Francophonie doit sortir des canaux classiques et accompagner les jeunes générations dans la conquête de la modernité, des sciences et de la technologie. Les écoles et les universités doivent défendre toutes les langues, principalement le français, car la diversité linguistique et culturelle est indispensable à la vitalité de la démocratie. Plus qu’une communauté linguistique, la Francophonie est un réservoir extraordinaire d’expériences et de ce fait, elle a le devoir de s’engager dans la construction de l’avenir. La Francophonie doit apporter une contribution nette à la prévention des conflits et au respect des droits et libertés de la personne. L’enjeu est de transformer la Francophonie en outil de coopération de premier choix pour la préservation des valeurs démocratiques.

Après cette discussion aussi riche qu’édifiante, plusieurs personnes du public ont défilé derrière les micros pour non seulement poser des questions et apporter leur éclairage sur les questions débattues, mais aussi pour féliciter et remercier les panélistes. C’est avec une citation d’Anatole France que le professeur Ika a clos les débats en exhortant l’assistance à tenir bien haut la langue française et les valeurs de la Francophonie : « La langue française est une femme. Et cette femme est si belle, si fière, si modeste, si hardie, touchante, voluptueuse, chaste, noble, familière, folle, sage, qu'on l'aime de toute son âme, et qu'on n'est jamais tenté de lui être infidèle. »

Dans son mot de fin, Sanni Yaya, vice-recteur, International et Francophonie s’est permis une réflexion à la lumière des diverses interventions en soulignant que les cultures pures sont une vision de l’esprit ; elles ont besoin des langues et de leur pluralité pour réellement exister et c’est la coexistence du français avec des milliers d’autres langues de l’espace francophone qui fait la force de la francophonie. Le vice-recteur Yaya a rappelé que l’Université d’Ottawa veut être présente partout où l’expertise de sa communauté francophone peut être utile pour le maintien et l’essor de la diversité culturelle et linguistique. Elle souhaite joindre ses forces à celles d’autres organisations et institutions internationales qui œuvrent au rayonnement de la Francophonie. C’est grâce à cette mise en commun qu’elle pourra continuer à incarner une francophonie ouverte sur le monde et tournée vers l’avenir.