Grâce à une subvention, une professeure d’histoire institue un groupe international de formation à la recherche

Faculté des arts
Histoire
Meredith Terretta, au centre, avec les participants de la séance de formation de juin 2024 à uOttawa.
De gauche à droite : Thelma Nyame, Chantal Ndami, Rose Ndengue, Meredith Terretta, Philippe Etanga Awono, Hilary Elise Zeh, Gloria Lamptey, Boris Lukíc
Meredith Terretta, professeure d’histoire, a occupé la Chaire Gordon-F.-Henderson en droits de la personne de 2016 à 2021. C’est pendant cette période qu’elle s’est aperçue d’une lacune considérable et troublante dans les recherches sur la migration et les déplacements de populations : les articles savants produits dans l’hémisphère nord ne tenaient pas adéquatement compte des perceptions à l’échelle locale, ni des expériences des communautés hôtes en Afrique subsaharienne. Pourtant, bien que 85 % des personnes déplacées de force se trouvent dans les pays du Sud, environ 90 % de la recherche sur la quête de refuge est publiée dans ceux du Nord.

Pour corriger la situation, la professeure Terretta s’est associée avec Michael P. Okyerefo, sociologue à l’Université du Ghana (campus de Legon), Ernest Messina Mvogo, professeur d’histoire et de relations internationales à l’Université de Douala au Cameroun, et Rose Ndengue, historienne spécialisée en genre et en politique à l’Université York. L’équipe a obtenu une subvention de développement de partenariat du CRSH pour constituer le groupe international de formation à la recherche Frontiers of Belonging sur la quête de refuge et l’hospitalité en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. Au cœur de leur projet : une approche axée en priorité sur les personnes réfugiées et les communautés hôtes, tenant compte de l’histoire, des particularités des régions et des questions de genre, et visant à remettre en question et à faire évoluer les idées préconçues sur le déplacement des populations en Afrique.

Le groupe a été conçu pour former des chercheuses et chercheurs de niveau doctoral se spécialisant en sciences sociales et humaines à l’Université d’Ottawa, à l’Université de Douala et à l’Université du Ghana. Au total, ce sont six doctorantes et doctorants (y compris en sociologie, en histoire, en communication et en études migratoires) qui participent au projet, soit deux de chaque établissement participant. Pour les encadrer et les sensibiliser à l’importance des dialogues entre diverses cultures et disciplines, la professeure Terretta et ses collègues ont créé un réseau de recherche interdisciplinaire et international.

Deux grandes séances de formation ont eu lieu à ce jour : la première au Ghana, en décembre 2023, et la seconde à Ottawa, en juin 2024. Parmi les ateliers organisés, notons ceux de Rose Ndengue, qui traitaient des méthodologies de recherche centrées sur le genre, et ceux de Walk with Web – un partenaire du projet –, qui portaient sur les habiletés numériques. De la formation linguistique intensive en anglais et en français était aussi proposée à Ottawa, en collaboration avec l’Institut des langues officielles et du bilinguisme.

Gloria Lamptey, candidate au doctorat et coordonnatrice du projet, estime que l’expérience lui a été extrêmement utile pour ses recherches sur l’exclusion politique et l’appartenance au Ghana au-delà de l’ère Kwame Nkrumah. Elle a aimé apprendre au contact de ses collègues du Ghana et du Cameroun, s’imprégner de différentes approches pédagogiques et disciplinaires, et recueillir les commentaires du groupe pour se perfectionner. Axé sur la formation interdisciplinaire et le dialogue avec des acteurs extra-universitaires, le projet aménage un milieu d’apprentissage dynamique qui, en plus d’élargir le réseau des personnes participantes et de les amener à mieux comprendre la notion de communauté, sert à enrichir les perspectives sur le terrain en matière migratoire.

Pour Meredith Terretta, il a été transformateur de travailler auprès de cette communauté plurielle réunissant les milieux de la recherche, des études et de la pratique. L’expérience, en plus de l’amener à remettre en question ses propres points de vue, a illustré toute l’importance de pouvoir appuyer les mesures liées à la migration et au déplacement des populations sur des recherches interdisciplinaires et intersectorielles effectuées localement. « Nous espérons qu’en formant la relève à ces pratiques de recherche, nous contribuerons à jeter des bases empiriques pour soutenir des approches plus viables et plus durables en matière d’accueil des personnes réfugiées en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale. »