Les Lazore : une histoire de tradition et de réussites

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Ieronhenehtha Lazore avec sa famille.  De gauche à droite, sa mère Shannon, son grand-père, Ieronhenehtha, sa grand-mère et sa sœur.
Ieronhenehtha Lazore avec sa famille. De gauche à droite, sa mère Shannon, son grand-père, Ieronhenehtha, sa grand-mère et sa sœur.
Ieronhenehtha Lazore, de la Nation mohawk d’Akwesasne, a reçu avec fierté son diplôme de l’Université d’Ottawa en 2024, poursuivant ainsi l’héritage de sa mère, Shannon. Cette dernière, qui a obtenu son diplôme de l’Université d’Ottawa en 2001 au terme d’un parcours où elle a dû concilier ses études, le travail et l’éducation de sa progéniture, a inspiré sa fille Ieronhenehtha à poursuivre sur la même voie.

Lorsqu’elle a fièrement traversé la scène à la collation des grades 2024 de l’Université d’Ottawa, Ieronhenehtha Lazore n’allait pas seulement accepter son diplôme : elle perpétuait une tradition familiale. Cette membre de la communauté mohawk d’Akwesasne a fait un baccalauréat spécialisé en communication, suivant ainsi les traces de sa mère, elle aussi diplômée de la Faculté des arts en 2001. 

Étudier de l’autre côté de la frontière

Plus jeune, Ieronhenehtha a eu l’option de fréquenter une école de Massena, dans l’État de New York, ce qu’elle a fait de la 3e à la 12e année. Mais quand est venu le temps d’aller à l’université, elle a senti le besoin d’opter pour le Canada. « Étudier dans une université canadienne était pour moi une bien meilleure option. Je ne voulais pas poursuivre mes études dans l’État de New York. J’avais envie d’étudier au Canada », explique-t-elle. L’abondance des ressources pour les étudiantes et étudiants autochtones dans les universités canadiennes a joué un grand rôle dans sa décision.

Commencer ses études en pleine pandémie

Le parcours universitaire d’Ieronhenehtha a débuté pendant la pandémie. Elle a donc fait sa première année d’études en ligne, de la maison familiale. La deuxième année, elle a physiquement intégré le campus et marqué l’histoire de l’Université d’Ottawa en étant la premièreétudiante autochtone à organiser une cérémonie de purification dans sa chambre en résidence après l’entrée en vigueur d’une modification apportée au Règlement 124 – Pratiques rituelles autochtones – qui incluait les espaces communs sur le campus. La purification est une cérémonie traditionnelle au cours de laquelle on brûle des plantes médicinales sacrées. Elle voulait ainsi se mettre dans un bon état d’esprit pour la suite de ses études et se rattacher à ses racines dans son nouveau chez-soi loin de la maison. Elle en garde un souvenir impérissable. « Cette cérémonie a été l’un des moments forts de mon expérience universitaire. Je me suis vraiment sentie chez moi. C’était la première fois que je quittais le nid familial et mes proches. Et là, c’est comme si j’imprégnais mon nouveau port d’attache d’un peu de ma culture », se souvient-elle.

Ieronhenehtha Lazore, bachelière en communication, lors de la collation des grades de 2024

« Cette cérémonie [de purification] a été l’un des moments forts de mon expérience universitaire. »

Ieronhenehtha Lazore

— Bachelière en communication

Former une communauté autochtone sur le campus

Ieronhenehtha s’est jointe très tôt à l’Association des étudiantes et étudiants autochtones, un groupe constitué de peu de gens, mais qui avait à cœur de s’impliquer. « Au début, nous discutions de façon bien informelle de nos idées pour faire changer les choses sur le campus. Quand je suis arrivée, nous n’étions que sept ou huit », souligne-t-elle. Plus tard, lorsqu’elle occupait la coprésidence de l’Association, le groupe s’est élargi, et le nombre de membres – qui provenaient de diverses communautés autochtones – avoisinait les 30 personnes.

L’un des grands moments de fierté qu’elle a connus à titre de coprésidente a été celui où elle a pris la parole lors de la cérémonie d’installation de la chancelière Claudette Commanda. « Prendre part à cette cérémonie a été pour moi un immense honneur. Nous avons remercié la chancelière pour ses contributions à l’Université et sa communauté autochtone », ajoute-t-elle.

Suivre les traces d’une mère qui a connu les débuts de l’apprentissage en ligne

S’il n’est pas en tous points identique, le parcours universitaire de Shannon Lazore, la mère d’Ieronhenehtha, est à bien des égards étonnement semblable à celui de sa fille. Toutes deux ont étudié et obtenu leur diplôme à la Faculté des arts : Ieronhenehtha en 2024, à Ottawa, et Shannon en 2001, au campus de Cornwall. Et toutes deux ont fait l’expérience de l’apprentissage en ligne durant un bon moment, mais au moyen de technologies très différentes. En début de parcours, Shannon suivait un cours par trimestre par téléconférence avec 20 autres étudiantes et étudiants au campus de Cornwall de l’Université d’Ottawa, dans une salle équipée d’un grand écran et de haut-parleurs. Elle conciliait ses études, le travail et l’éducation de sa fille, encore petite à l’époque. « Je devais absolument réussir. Je voulais faire des études, garder mon emploi et m’occuper de mon enfant », explique-t-elle. La persévérance de Shannon a porté ses fruits et lui a permis d’entamer une carrière dans le milieu de l’éducation. Aujourd’hui, elle travaille dans le domaine des services sociaux et de la protection à l’enfance au centre de services à l’enfance et à la famille Akwesasne Child and Family Services. Ieronhenehtha, pour sa part, occupe depuis peu un poste dans le domaine des communications au sein du Fonds pour les habitations du marché des Premières Nations.

Vivre une collation des grades mémorable

La collation des grades 2024 a été une célébration familiale profondément émouvante pour les Lazore. Ieronhenehtha a traversé la scène vêtue d’une jupe à rubans traditionnelle aux couleurs de l’Université d’Ottawa – le grenat et le gris – et d’une ceinture perlée arborant les symboles de son héritage mohawk et de son nom : She Bends the Sky (celle qui fait courber le ciel). Sa famille, vêtue d’une tenue cérémonielle à rubans assortie, la regardait fièrement.Shannon rayonnait de fierté en regardant sa plus jeune franchir une étape qui représentait à la fois la réussite de son enfant et la poursuite d’une tradition. « Je suis si fière d’elle. Ma fille est une personne extraordinaire! », s’exclame Shannon. Lorsque Ieronhenehtha est arrivée sur scène pour recevoir son diplôme, la chancelière Commanda s’est levée pour la serrer dans ses bras, et le recteur Frémont lui a serré la main.

La mère et la fille incarnent toutes deux l’esprit de la tradition et de la force. Félicitations à ces deux grandes femmes!

Affirmation autochtone

Nous rendons hommage au peuple algonquin, gardien traditionnel de cette terre. Nous reconnaissons le lien sacré de longue date l’unissant à ce territoire, qui demeure non cédé. 

Nous rendons également hommage à toutes les personnes autochtones qui habitent Ottawa, qu’elles soient de la région ou d’ailleurs au Canada. 

Nous reconnaissons les gardiennes et gardiens des savoirs traditionnels de tous âges. Nous honorons aussi leurs dirigeantes et dirigeants d’hier, d’aujourd’hui et de demain, au courage indéniable. 

À propos de l’affirmation autochtone.