Du plastique dans la tête : contrer les effets des microplastiques sur le cerveau et la santé générale

Par Paul Logothetis

Conseiller, Relations de presse, uOttawa

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Image de microplastiques sur un cerveau générée par IA
Les microplastiques envahissent nos corps : une étude influente révélait récemment qu’on pouvait trouver une cuillerée de ces particules toxiques dans le cerveau humain. Un chercheur de l’Université d’Ottawa a examiné les complications médicales de ce phénomène, soulignant la nécessité d’adopter plus de stratégies préventives pour freiner l’augmentation alarmante des concentrations de microplastiques dans le corps humain

Les microplastiques, petites particules qui proviennent de la dégradation des plastiques, ont été décelés tant chez les humains que chez les animaux (dont beaucoup d’espaces marines), ainsi que dans l’eau potable et les aliments que nous consommons. Les résultats stupéfiants d’une étude novatrice sur les microplastiques dans le cerveau humain ont récemment été publiés dans la revue Nature.

« L’augmentation fulgurante des concentrations de microplastiques dans le cerveau sur huit ans (de 2016 à 2024) est particulièrement alarmante », explique le Dr Nicholas Fabiano, auteur principal d’un commentaire sur le sujet, résident de la Faculté de médecine et chercheur en psychiatrie du mode de vie. « Cette hausse reflète la multiplication exponentielle des concentrations de microplastiques dans l’environnement. »

Limiter la consommation de microplastiques

Dans un commentaire publié par Brain Medicine, le Dr Fabiano et ses coauteurs – le Dr Brandon Luu (Université de Toronto) et le Dr David Puder – affirment qu’il faut urgemment réaliser des études à grande échelle sur l’être humain pour déterminer les relations dose-réponse entre l’exposition aux microplastiques et les problèmes de santé chroniques ainsi que l’établissement de limites claires en vue de mieux évaluer les conséquences à long terme sur la santé de l’accumulation de microplastiques.

Une source d’inquiétude particulière : les particules de moins de 200 nanomètres, surtout composées de polyéthylène, dont on observe des dépôts notables dans les parois vasculaires cérébrales et les cellules immunitaires. Leur taille pourrait leur permettre de traverser la barrière sang-cerveau, ce qui soulève des questions sur le rôle qu’elles jouent dans les troubles neurologiques. Il y a d’ailleurs peu de données indiquant que les microplastiques peuvent être éliminés du corps naturellement; la sueur présente un potentiel limité.

« Le public doit être conscient des quantités grandissantes de microplastiques dans l’environnement et dans nos corps. Il faut aussi comprendre les façons d’aider à réduire notre consommation de microplastiques pendant que la communauté de recherche continue d’explorer comment les éliminer de nos corps – les données en la matière demeurent rares », explique le Dr Fabiano, nommé étoile montante par Genomic Press pour ses travaux novateurs en psychiatrie du mode de vie.

Des solutions à une préoccupation croissante en santé publique

Il est possible d’éviter une quantité importante de microplastiques (90 000 à 4 000 par année) en buvant simplement l’eau du robinet au lieu de l’eau embouteillée. Les sachets de thé en plastique libèrent des millions de particules par infusion; les aliments conservés dans des contenants en plastique, puis réchauffés au micro-ondes peuvent aussi en faire ingérer beaucoup. Réduire notre consommation d’aliments ultratransformés et en conserve, d’alcool et de fruits de mer, et installer des filtres à air dans nos maisons pourraient également s’avérer bénéfiques.

En outre, on ne peut ignorer les éventuelles répercussions sur la santé mentale : les aliments ultratransformés, connus pour leurs concentrations élevées de microplastiques, sont associés à une détérioration de la santé mentale (en particulier la dépression et l’anxiété). « Il est nécessaire de faire plus de recherches pour définir cette relation », dit le Dr Fabiano.

« Outre l’éducation individuelle, le gouvernement se doit de mettre en place des politiques pour réduire globalement l’exposition aux microplastiques et réduire ainsi les éventuelles conséquences à long terme sur la santé, alors que les données probantes continuent de s’accumuler », ajoute le chercheur, dont les travaux portent sur les liens entre les bienfaits de la santé physique et mentale pour le corps.

« En toute logique, avoir une cuillerée de plastique dans le cerveau, ça ne peut pas être bon. »

« Human microplastic removal: what does the evidence tell us? » a été publié dans Brain Medicine le 4 mars 2025. 

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