Que peut enseigner l’écharpe des Métis au sujet de la vérité, puis de la réconciliation aux membres du corps enseignant ?

Par Marketing et communication

Faculté d'éducation | Faculty of Education, uOttawa

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Madelaine McCracken
Photo par Mitchell McCracken, GLAMSHOTS Mobile Studio
Dès l’âge de huit ans, la chercheuse de la nation Métis Madelaine McCracken (M.Éd. 2021) savait qu’elle voulait devenir enseignante. Elle ignorait toutefois jusqu’où cette passion précoce pour l’éducation allait la mener.

Son histoire commence en troisième année. Elle aide alors ses camarades de classe à faire leurs devoirs dans une petite école primaire de Saint-Norbert, au Manitoba. C’est là que se trouve le point de départ d’un cheminement de plusieurs années – d’un baccalauréat en éducation, d’une carrière en enseignement et d’un diplôme de maîtrise – ayant pour fil conducteur la relation d’aide, un trait de caractère qui lui vient naturellement de son éducation, selon elle. Aujourd’hui, cette candidate au doctorat subventionnée par le CRSH explore le potentiel des balados, du récit et de la sensibilisation à la culture des Métis pour faire progresser le travail de réconciliation.

Nous nous sommes entretenus avec McCracken pour en savoir plus sur ses expériences académiques, ses recherches doctorales et ses autres initiatives. Cet entretien fait partie de notre série Les universitaires en éducation.

Q. Parlez-nous de votre parcours et de ce qui vous a menée aux études doctorales.

MM : Je suis née à Winnipeg, au Manitoba, mais j’ai passé mon enfance et le début de l’âge adulte dans le sud de l’Alberta, sur le territoire du Traité no 7. Je suis parente avec les Chartrand, les Larence, les Pangman et les Bruce, des familles établies principalement à Saint-Laurent et à Winnipeg, au Manitoba, sur le territoire historique des Métis du Nord-Ouest.

Quand j’ai commencé à enseigner aux élèves du primaire, mes collègues me demandaient souvent de les aider à intégrer les histoires et les points de vue des Premières Nations, des Inuits et des Métis et à trouver des ressources éducatives appropriées. J’ai alors réalisé que même si j’aimais faire la classe aux élèves, ma véritable passion était d’enseigner aux enseignantes et enseignants. Quand j’ai appris que j’étais acceptée au doctorat, je l’ai annoncé à ma famille, assise sur le sofa, nous avons tous versé des larmes de joie ! Je n’aurais jamais pensé devenir chercheuse, mais je sais que pour moi, c’est la voie à emprunter. Au trimestre d’hiver 2023, j’ai donné mon premier cours universitaire à de futurs membres du corps enseignant : PED 3138, un cours sur les perspectives des peuples des Premières Nations, Métis et Inuits. C’était un rêve devenu réalité ! 

Q. Vous avez dit que vous aimiez partager des histoires, que la tradition orale occupait une place importante dans le savoir autochtone. De quelle manière est-ce que cela a influencé votre parcours ?

MM : Pendant l’été 2020, en pleine pandémie mondiale, j’ai lancé un balado intitulé Educate the Earth’s Research Time(en anglais seulement). J’y traite des articles et des ressources sur la justice sociale et la réconciliation avec des collègues qui travaillent, enseignent et mènent des recherches dans le vaste domaine de l’éducation. La baladodiffusion est importante pour moi tant sur le plan culturel que personnel et intellectuel. C’est une plateforme qui honore notre tradition orale et notre talent de narration, ce qui nous permet de nous rapprocher. À mon avis, la recherche devrait être accessible à tout le monde. Le libre accès me tient à cœur, c'est pour cette raison que j’ai aussi publié une liste de ressources pour que tout le monde au Canada puisse se joindre à la RéconciliAction !

Q. Que pouvez-vous nous dire au sujet de l’importance de l'écharpe des Métis ?

MM : Le titre provisoire de ma thèse est A Métis Sash Research Methodology: Re-Storying Truth and Then Reconciliation Education Together (Méthodologie de recherche sur l’écharpe des Métis : pour une nouvelle narration de la vérité, puis de la réconciliation en éducation). Je compte mener mes recherches en honorant mes liens et en continuant à promouvoir le bien-être intergénérationnel de ma communauté. J’emploierai une méthode d’enquête narrative propre au peuple métis (une méthode de recherche servant à comprendre les expériences vécues) pour raconter nos histoires et perpétuer notre tradition orale sous forme de balados. Mon objectif est d’évaluer si les universitaires d’ascendance métisse qui s’intéressent à la formation à l’enseignement et au curriculum enseigné ressentent une responsabilité d’établir la vérité, puis de faire avancer la réconciliation avec la relève de la profession. J’aimerais savoir comment leurs connaissances et leurs interprétations sur l’écharpe métisse peuvent façonner leur enseignement. L’écharpe métisse change de couleur d’une famille et d’une communauté à l’autre, et chaque couleur a sa signification. Les Femmes Michif Otipemisiwak (femmes de la Nation métisse), par exemple, offrent des écharpes violettes aux femmes parce que cette couleur représente la guérison qui nous vient de nos matriarches et de nos grand-mères. Pour mes travaux, j’utiliserai la plus reconnaissable d’entre toutes : l’écharpe rouge des Métis. J’ai eu l’honneur de recevoir la mienne d'une Aînée avec qui je suis parente le jour où j’ai obtenu mon diplôme de baccalauréat en éducation de l’Université Mount Royal, sur le territoire du Traité no 7.

Dans le cadre de mon projet doctoral, je m’inspirerai du symbolisme de mon écharpe, en me laissant guider par les principes d’amour, de responsabilité, de réciprocité et de relations familiales. Il me tarde d’entamer cette recherche !

Q. À qui voudriez-vous que vos travaux profitent ?  

En tant que femme de la Nation Métis et chercheuse en études du curriculum, j’ai remarqué que mon travail de sensibilisation à la vérité puis à la réconciliation affermit mon engagement personnel envers les Appels à l’action.  Je formule les choses ainsi parce que les vérités doivent précéder la réconciliation afin que celle-ci puisse se réaliser.Je m’accroche à l’espoir qu’on accomplira ce que les survivants et les survivantes nous ont offert en cadeau : répondre entièrement aux 94 appels. 

Mon projet de recherche a pour but de sensibiliser à l’importance de valoriser la culture des Métis et la transmission orale à titre de connaissances savantes. Nos histoires ne sont pas seulement faites pour être lues; elles doivent aussi être entendues, car elles peuvent éclairer les politiques de l’éducation, la formation à l’enseignement et les relations entre les peuples de la Nation Métis et ceux d'autres origines. Les balados représentent un bon véhicule culturel pour faire connaître nos perspectives, nos expériences et notre vécu. J’espère que ces travaux profiteront surtout à ma communauté (et à d’autres); tout ce que j’entreprends, je le fais pour elle. 

Q. Pourquoi avoir choisi l’Université d’Ottawa?

MM : En 2016, pendant mes études de premier cycle, j’ai visité Ottawa à l’occasion d’une conférence et j’ai eu un coup de cœur pour cette ville. Je m’y sentais à ma place. Je m’en suis souvenu au moment de choisir une université pour mes études supérieures, et pour le reste… vous connaissez l’histoire ! Je suis reconnaissante d’avoir pu emprunter cette voie avec l’appui de mes proches, de toutes les personnes qui m’ont enseigné jusqu’à maintenant à la Faculté d’éducation, de celles qui m’ont mentorée, de mes collègues, du Centre de ressources autochtones et de mon directeur de thèse, le professeur Nicholas Ng-A-Fook. Il est tellement généreux de son temps et de son soutien avec ses étudiantes et étudiants des cycles supérieurs ! Je n’en serais certainement pas là aujourd’hui sans son encadrement et ses conseils avisés. 

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Pour en savoir plus sur les recherches de Madelaine McCracken, consultez son profil uOttawa, écoutez sa baladodiffusion et suivez-la sur les médias sociaux : LinkedIn, Twitter/X, et Instagram.

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Nous rendons hommage au peuple algonquin, gardien traditionnel de cette terre. Nous reconnaissons le lien sacré de longue date l’unissant à ce territoire, qui demeure non cédé. 

Nous rendons également hommage à toutes les personnes autochtones qui habitent Ottawa, qu’elles soient de la région ou d’ailleurs au Canada. 

Nous reconnaissons les gardiennes et gardiens des savoirs traditionnels de tous âges. Nous honorons aussi leurs dirigeantes et dirigeants d’hier, d’aujourd’hui et de demain, au courage indéniable. 

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