Réflexions personnelles sur mon aventure de stage au Rwanda

Faculté des sciences sociales
Nouvelles du terrain
Rwanda

Par Olivia

Gender equality, rights and diversity officer, Centre for International Studies and Cooperation(CECI)

A group of black women posing in a room in front of a wihte board
Photo d'un groupe de 10 personnes alignées dans un petit jardin de la gauche vers la droite. Chacune d'entre elle est penchée et à étendu ses deux mains vers le sol
« En fin de compte, mon stage au Rwanda à FAWE n’a pas seulement enrichi mon parcours professionnel et académique, il a été une aventure formatrice qui m’a réellement permis de mieux me comprendre, de redécouvrir une partie de mon héritage et de m’ouvrir à une nouvelle vision du monde »

Olivia Ishimwe, 3ème année, Développement international et mondialisation
Pays de stage: Rwanda
ONG canadienne: CECI (Centre d’étude et de coopération internationale)
ONG locale: FAWE Rwanda Chapter (Forum of African Women educationalists)

Mon expérience de stage au Rwanda, à l’été 2024, a été une véritable révélation. Ce voyage, loin d’être une simple aventure, s’est transformé en un voyage intérieur profond, une immersion dans un pays dont la beauté et la complexité ont ouvert des horizons insoupçonnés pour moi.

Arriver à Kigali, la capitale rwandaise, m’a plongée dans un environnement où chaque jour était une leçon en soi. Les premières semaines ont été sincèrement un défi constant. Le rythme de travail, les méthodes de gestions du temps et les interactions sociales étaient radicalement différents de ce à quoi j’étais habituée. J’ai dû réapprendre à naviguer dans un nouveau cadre et à faire preuve d’une flexibilité. Cette période d’adaptation, bien qu’éprouvante, s’est avérée être un terrain fertile pour ma croissance personnelle. Elle m’a enseigné l’importance de la patience, la richesse de la diversité culturelle et la valeur de l’ouverture d’esprit. Au lieu de résister aux changements, j’ai appris à les accueillir comme des opportunités d’apprentissage et à embrasser les coutumes locales.

Mon engagement en tant que volontaire académique avec CECI à FAWE Rwanda Chapter, The Forum of African Women Educationalists, a été une révélation supplémentaire. FAWE est bien plus qu’une organisation, c’est une véritable famille qui œuvre pour transformer le paysage éducatif des filles au Rwanda. J’ai été personnellement touchée par l’impact tangible de leur travail. Voir comment FAWE donne une chance aux filles de briller malgré les obstacles. Par exemple, découvrir l’histoire inspirante de Gakuru Vestine, une fille résiliente et persévérante qui a grandi dans une famille modeste de parents agriculteurs qui ne croyaient pas en l’importance de l’éducation des filles au-delà de l’école primaire. Son frère jumeau Gato était pourtant encouragé par leurs parents dans la poursuite de ses études jusqu’au niveau supérieur.  Malgré tout, Vestine excellait académiquement plus que son jumeau. Elle a dû faire face à des barrières énormes, y compris la menace de sa mère, qui lui a exigé de rater ses examens, sous peine de se donner la mort pour que sa fille devienne orpheline et qu’elle abandonne ses études. Déchirée entre ses ambitions personnelles et l’amour inconditionnel qu’elle a pour sa mère, elle a néanmoins poursuivi ses études en secret. Ses parents lui ont privé de nourriture et de matériel scolaire en guise de punition. En cachette, son jumeau a dû arracher des feuilles de cahiers avec des pages blanches de ses propres livres ou manuels pour aider sa sœur à réussir. Toutefois, avec son frère désormais à l’université et la vie devenant de plus en plus difficile pour lui aussi, il était de plus en plus difficile de trouver les matériels scolaires nécessaires. Malgré ces défis majeurs, elle a réussi à poursuivre ses études à l’âge de 20 ans grâce au soutien de son frère jumeau et à la bourse de FAWE Rwanda et de la Mastercard Foundation. Grâce à la bourse, elle a pu intégrer l’école Fawe Girls School à Gahini, où elle a étudié les mathématiques, l’économie et l’informatique. Aujourd’hui diplômée en Économie appliquée de l’INES Ruhengeri, Vestine est une jeune femme déterminée qui encourage d’autres filles à surmonter leurs propres obstacles. À mon avis, l’histoire poignante de Vestine incarne parfaitement la persévérance. Des histoires touchantes qui inspirent l’espoir, comme celle-ci, sont nombreuses grâce aux efforts remarquables de FAWE Rwanda Chapter.

Mon stage au Rwanda a également été une opportunité pour reconnecter avec une partie de moi-même. Étant Burundaise, j’avais quitté le Burundi à l’âge de 9 ans, laissant derrière moi une langue que j’avais presque oubliée. Grâce à mon immersion de 3 mois au Rwanda, j’ai pu renouer avec ma langue le Kirundi et découvrir le Kinyarwanda, ce qui a renforcé ainsi mon vocabulaire et ma compréhension de ces langues qui m’étaient si chères. Cette pratique quotidienne avec les locaux a été une expérience profondément gratifiante, car non seulement ça m’a permis de récupérer une grande partie de mon vocabulaire perdu, mais aussi à enrichir ma connaissance du Kinyarwanda.

Mon aventure a été bien plus qu’un simple stage. Elle m’a permis de développer des compétences inestimables en gestion du temps, en gestion du risque et en adaptabilité face à l’inattendu. Être loin de ma famille et de mes amies pour la première fois a été un saut dans le l’inconnu, un véritable test de courage et d’indépendance. Pourtant, chaque défi rencontré a été une occasion de grandir et d’évoluer en tant qu’individu. Malgré les hauts et les bas, je ressors de cette expérience profondément reconnaissante et transformée. J’ai découvert un pays magnifique, fait des rencontres inoubliables et acquis des compétences qui me serviront tout au long de ma vie.

En fin de compte, mon stage au Rwanda à FAWE n’a pas seulement enrichi mon parcours professionnel et académique, il a été une aventure formatrice qui m’a réellement permis de mieux me comprendre, de redécouvrir une partie de mon héritage et de m’ouvrir à une nouvelle vision du monde. Pour cela, je suis extrêmement reconnaissante et fière d’avoir pris ce saut dans l’inconnu.