Et l’initiative voit grand : plus de 12 000 élèves dans les écoles participantes, et plus d’un million de personnes qui profiteront des retombées. Le RCÉL est né d’études en éducation qui ont démontré que l’union du jeu et de l’apprentissage profite à la santé, à l’engagement et au mieux-être de l’élève.
Dans un entretien avec la chercheuse principale Trista Hollweck et le chercheur principal Andrew Hargreaves du RCÉL, nous avons abordé l’importance du projet, son potentiel à long terme dans le milieu de l’éducation et les plans pour 2023.
Q : Où en est le Réseau canadien des écoles ludiques aujourd’hui?
TH : Financé par une subvention de la Fondation LEGO et dirigé par l’Université d’Ottawa, le Réseau réunit des écoles publiques canadiennes qui promeuvent l’apprentissage par le jeu pour favoriser la participation et le mieux-être d’élèves de la 4e à la 8e année venant de groupes traditionnellement marginalisés. Jusqu’ici, nous avons réussi à :
- constituer notre équipe de recherche et de soutien et notre équipe conseil du RCÉL à l’Université d’Ottawa;
- créer un site web bilingue riche en information et en ressources;
- confirmer nos 13 conseillères et conseillers internationaux et tenir notre première rencontre;
- nouer des relations avec des partenaires des ministères;
- choisir 41 formidables équipes-écoles francophones et anglophones, avec qui nous avons tenu des séances d’orientation et organisé des séances de jeu.
Pour 2023, nous prévoyons des séances de jeu, des visites d’écoles, des publications de recherche, une série « pleins feux » sur nos équipes-écoles, des ateliers et des webinaires proposés par nos conseillères et conseillers internationaux, et l’annonce de partenariats nationaux. Nous allons aussi ouvrir l’EdStudiO de l’Université d’Ottawa, sous la direction de notre collègue au RCÉL, la professeure Michelle Schira Hagerman, en collaboration avec la professeure Megan Cotnam-Kappel, et, en juin 2023, allons tenir une conférence vitrine ici-même sur le campus de l’Université.
Q : Comment s’insère ce réseau national dans les systèmes d’éducation provinciaux?
AH : Aux examens internationaux, le Canada fait partie des pays qui réussissent bien. Pourtant, le pays n’a pas de système d’éducation national. Comment faire connaître les nouvelles idées et les pratiques optimales dans un pays où l’enseignement de la maternelle à la 12e année est une compétence provinciale? Et comment le faire sans ingérence fédérale et sans faire entrer une marque commerciale dans les écoles?
La réponse : faire appel à des réseaux d’éducatrices et d’éducateurs qui entretiennent une collaboration transprovinciale et qui sont aussi en lien avec les responsables politiques des provinces. C’est ce que nous faisons!
Ensemble, les écoles deviennent des vecteurs de changement en s’inspirant du travail fait ailleurs tout en prenant en compte les réalités locales. Les responsables politiques apprennent des expériences des écoles, et quand une idée plaît, elle peut être appliquée aux autres établissements.
Q : Quel est le rôle des conseillères et conseillers intellectuels?
AH : On ne peut contrôler les réseaux; c’est l’une de leurs caractéristiques fondamentales. Une fois qu’un réseau a été doté d’une orientation générale et d’un objet, l’idée est non pas de le contrôler, mais plutôt de le déranger, le bousculer un peu, et lui donner matière à réflexion, notamment en lui fournissant de la rétroaction. C’est le rôle des 13 conseillères et conseillers internationaux du RCÉL, des spécialistes de la recherche, du leadership et des idées pédagogiques sur la scène mondiale.
Les écoles participantes et les conseillères et conseillers ont besoin de liens positifs pour pouvoir apprendre réciproquement. Ces spécialistes, par exemple, sont appelés à résoudre des problèmes et à donner des webinaires sur des enjeux soulevés par les écoles, en plus de représenter le réseau dans leurs écrits et dans les médias sociaux. Leur soutien à l’égard de notre proposition de projet a indiscutablement contribué à la faire ressortir du lot.
Q : Quel effet anticipez-vous et désirez-vous pour le réseau?
AH : Notre objectif pour ce projet est très clair : nous voulons susciter un plus grand enthousiasme pour l’apprentissage et le mieux-être, et pour le plus grand nombre d’élèves possible parmi les groupes mal servis ou marginalisés dans les systèmes scolaires. Nous voulons aussi que chacune et chacun saisisse mieux la nature et l’importance du jeu dans les écoles participantes et ailleurs. L’idée est de comprendre ce qu’est le jeu, et l’effet qu’il peut avoir.
Nous voulons faire valoir l’idée que le jeu est souvent amusant, mais pas toujours. C’est souvent beaucoup de travail; on le constate bien vite quand on regarde des enfants construire des choses ensemble. Les jeux de rôles peuvent aider à résoudre les situations d’intimidation et de conflit. Le jeu artistique fait partie des façons d’intervenir auprès des enfants qui ont fui un pays en guerre et qui sont en état de stress post-traumatique. Les exercices ludiques peuvent aider à reprendre contact avec sa culture et son identité, avec son essence – un exercice primordial pour les groupes marginalisés dont la culture a été ignorée ou bafouée.
Q : En quoi consistera la conférence de juin 2023?
TH : Les 9 et 10 juin 2023, plus de 200 membres du RCÉL se joindront à nous en personne à la Faculté d’éducation de l’Université pour parler de leurs expériences d’apprentissage par le jeu, tisser des liens et s’inspirer. Nous sommes ravis d’avoir noué un partenariat avec Ingenium Canada, qui coorganisera notre souper et nos activités au Musée des sciences et de la technologie. Nous réservons beaucoup de surprises à nos participantes et participants du RCÉL.
D’ici là, suivez-nous pour en savoir plus sur l’organisme et les écoles membres, et lisez nos études de portée (à venir) sur les quatre modes de jeu.
Restez à l’affût!