En mai 2024, l’Université d’Ottawa a dévoilé son nouveau mur végétal, un projet qui a vu le jour au Bureau des affaires autochtones. Le mur, situé à la Faculté des sciences sociales, remplace le vieux mur vert qui ornait l’édifice depuis douze ans et qui avait atteint la fin de sa durée de vie. Le nouveau mur est l’œuvre de Livescape, une entreprise qui se spécialise dans les murs végétaux pour les lieux publics et privés. Conçu de manière durable, le mur consomme moins d’eau et d’énergie, en plus d’être plus facile d’entretien et d’améliorer la qualité de l’air.
L’artiste autochtone Stephanie Tenasco transforme le mur végétal
Mais c’est vraiment l’esthétique de Stephanie Tenasco qui fait de projet quelque chose d’unique. L’artiste, originaire de la Première Nation Kitigan Zibi Anishinabeg au Québec, a été embauchée par le Bureau des affaires autochtones. Elle a abordé le mandat qu’on lui a confié avec la minutie et le respect culturel qui caractérisent son célèbre perlage sur les bijoux, les mocassins et les mitaines. Mme Tenasco, qui vit avec sa famille dans sa communauté d’origine, n’est pas seulement une artiste : elle est aussi une éducatrice et une ardente défenseure de la langue et de l’artisanat autochtones.
Connue pour son engagement en faveur de la préservation et de la revitalisation de la langue anishinàbemowin, Stephanie Tenasco a collaboré au développement d’une application multiplateforme qui propose des formes audio et écrites de la langue algonquine, fruit d’un effort communautaire auquel sa mère a également participé. « J’utilise aussi de courtes vidéos que j’enregistre, monte et publie sur YouTube, dans lesquelles des marionnettes parlent anglais et anishinàbemowin », explique-t-elle pour décrire son approche novatrice de l’éducation.
Importance culturelle des éléments du mur végétal
Le motif floral du mur évoque les œuvres florales perlées que créent les artistes autochtones. « Les peuples autochtones peuvent utiliser des motifs de perles qui se rapportent à leur territoire d’origine ou aux enseignements qui en proviennent, précise l’artiste. Ode’iminan, la fraise, qui a la forme d’un cœur, est connue sous le nom de baie du cœur dans les cultures autochtones. L’œuvre représente les cœurs en lien les uns avec les autres au sein de la communauté, et les nouveaux départs », poursuit-elle.
« L’œuvre représente les cœurs en lien les uns avec les autres au sein de la communauté, et les nouveaux départs. »
Stephanie Tenasco
— artiste, originaire de la Première Nation Kitigan Zibi Anishinabeg au Québec
Stephanie Tenasco a d’abord créé sa vision sur papier, en conceptualisant la toile verticale du mur de six étages et de 23 mètres de hauteur, qui comportera finalement plus de 8 200 plantes.
« J’ai conçu le mur végétal de la même manière qu’une mukluk. Quand je fais du perlage, je commence généralement par dessiner un motif, explique-t-elle. J’ai abordé le mur comme si je dessinais l’avant d’une mukluk, vue de l’orteil à la cheville ». Le dessin final est riche en motifs floraux, sans compter les fraises caractéristiques de son style.
L’œuvre de Stephanie Tenasco sur le mur végétal de l’Université d’Ottawa incorpore à l’art public son héritage culturel. Sa contribution non seulement améliore l’environnement universitaire, mais introduit également l’art et la langue autochtones dans un espace public plus large.