Du 100, avenue Laurier Est à la Galerie d’art d’Ottawa
Pour cette exposition, Penny Cousineau-Levine s’est inspirée du lien profond qui l’unit au Département d’arts visuels. « Comme j’y ai enseigné de nombreuses années, je me trouvais bien placée pour mettre en valeur les artistes remarquables qui l’ont fréquenté, ainsi que leurs réalisations », explique-t-elle.
Beaux-arts et non-dits reflète la vitalité du Département en montrant les œuvres marquantes créées par les membres du corps professoral et étudiant au cours des cinq dernières décennies. L’exposition rend également hommage à Suzanne Rivard Le Moyne, artiste, enseignante et instigatrice de la Banque d’art du Conseil des arts du Canada. À son arrivée à l’Université d’Ottawa en 1974, Mme Rivard Le Moyne a mis sur pied l’incroyable équipe d’artistes et de spécialistes en histoire de l’art qui allait former le tout nouveau Département d’arts visuels.
En quelque sorte, cette rétrospective fait sortir le Département et ses membres de l’édifice historique du 100, avenue Laurier Est. « J’espère que l’exposition contribuera à faire connaître ce trésor caché de notre ville auprès du public », poursuit Mme Cousineau-Levine.
Pour couronner le tout, un catalogue bilingue sur Beaux-arts et non-dits est disponible en ligne. Il comprend des images de l’exposition, des renseignements sur les artistes participants et des textes explicatifs sur l’expérience étudiante au Département d’arts visuels, tels que La critique d’atelier et Histoire et théories de l’art. On y trouve également un article passionnant rédigé par Olivier Asselin, cinéaste et historien de l’art, qui revient sur son parcours au Département et médite sur des théories relatives à l’enseignement des arts visuels. Découvrez le catalogue sur Beaux-arts et non-dits.
À la croisée de la diversité, de l’innovation technologique, de la théorie et de la pratique
Le Département d’arts visuels de l’Université d’Ottawa se démarque des autres écoles de beaux-arts au pays par son caractère bilingue et son environnement unique où la théorie côtoie la pratique.
En effet, contrairement à la majorité des programmes d’arts, où les cours théoriques sont séparés des cours pratiques, le baccalauréat et la maîtrise en arts visuels de l’Université d’Ottawa – de même que ses programmes d’histoire et de théorie de l’art – se donnent tous au même endroit, c’est-à-dire dans l’édifice des arts visuels. Cette proximité contribue à la cohésion de la communauté étudiante, amenant du même coup ses membres à développer un rare niveau de maturité artistique et intellectuelle, en particulier au premier cycle. À ce sujet, Penny Cousineau-Levine constate que « les interactions rendues possibles au sein du Département favorisent une sensibilité et une créativité artistiques exceptionnelles ».
De plus, l’édifice des arts visuels est situé près du Musée des beaux-arts du Canada, de la Galerie d’art d’Ottawa, de la Banque d’art du Conseil des arts du Canada et d’autres lieux artistiques. Cette proximité facilite, d’une part, l’accès aux expositions, programmes et stages pour les étudiants et étudiantes, et d’autre part, l’établissement de partenariats bonifiant leur expérience d’apprentissage. Par exemple, il arrive souvent que les commissaires de ces établissements participent aux critiques d’atelier et aux jurys de thèse, qui sont autant d’occasions d’échanger avec la relève sur les œuvres d’art produites à l’Université d’Ottawa.
Si, à l’origine, les programmes du Département d’arts visuels portaient avant tout sur les réalisations d’hommes blancs, européens et américains, ils s’intéressent aujourd’hui à des artistes de diverses identités géographiques, raciales, ethniques, sexuelles et de genre. Les étudiantes et étudiants sont invités à examiner et à remettre en question leurs propres créations ainsi que celles de leurs pairs et d’artistes d’expérience, non seulement en tant qu’objets esthétiques, mais aussi à partir de points de vue théoriques allant de la psychanalyse et du féminisme aux études de genre, queer et postcoloniales.
Penny Cousineau-Levine s’attend à ce que, dans l’avenir, le Département accorde une plus grande place aux avancées technologiques telles que l’intelligence artificielle. « Les nouvelles technologies, mises au service des œuvres visuelles, des travaux écrits et des expositions artistiques, permettront non seulement de générer de nouvelles formes d’art qui interpelleront les gens, mais aussi d’attirer l’attention sur d’importants enjeux de société », avance-t-elle.
La brillante carrière de Penny Cousineau-Levine
La remarquable carrière en arts visuels de Penny Cousineau-Levine commence en 1977. Elle enseigne alors la photographie à l’Université d’Ottawa, domaine dans lequel elle s’est spécialisée. En 1989, elle est recrutée par l’Université Concordia, à Montréal, pour donner des cours de la maîtrise en arts plastiques, option photographie. Elle revient à l’Université d’Ottawa en 2003 à titre de directrice de département, rôle pour lequel elle puise dans son expérience professionnelle afin de mettre sur pied une maîtrise interdisciplinaire en arts visuels.
Les travaux de recherche de Mme Cousineau-Levine portent sur la photographie au Canada. Ils sont mis de l’avant dans son livre Faking Death: Canadian Art Photography and the Canadian Imagination, publié en 2003. Ce sont ces mêmes travaux qui l’ont amenée à organiser une importante exposition à New York. Aujourd’hui, elle continue d’écrire sur l’art contemporain et de travailler à sa conservation. Elle travaille d’ailleurs à la rédaction d’un livre sur le recours à l’alter ego chez les artistes.