Les forces du changement et de la résilience : hommage aux vétérans et vétéranes autochtones

Par Robert-Falcon Ouellette

Professeur à la Faculté d’éducation et vétéran des Forces armées canadiennes, Université d'Ottawa

Portrait du professeur Robert-Falcon Ouellette, portant un blazer bleu clair, se tenant devant un fond en verre.
Gazette
Journée nationale des peuples autochtones
Autochtone
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Le groupe de tambours autochtones The Warriors du Royal Winnipeg Rifles.
Le groupe de tambours autochtones The Warriors du Royal Winnipeg Rifles.
La Journée nationale des vétérans autochtones est une occasion de réfléchir au service et à la résilience des membres autochtones des Forces armées canadiennes.

Pendant plus de 28 ans, j’ai eu l’honneur de porter l’uniforme et d’être témoin de l’évolution des relations entre les communautés autochtones et l’armée. Lorsque je me suis enrôlé, les cicatrices de la crise d’Oka étaient encore fraîches et la confiance entre les peuples autochtones et l’armée était, au mieux, fragile. J’ai été affecté au Royal 22e Régiment à Québec, ce qui m’a fait vivre certains des moments les plus difficiles de ma vie, non pas à cause du travail, mais à cause de l’attitude et de la résistance que j’ai rencontrées chez quelques camarades. Or, le chemin que nous avons parcouru depuis a conduit à des changements qui font écho à la résilience de ceux et celles qui ont servi avant nous et de ceux et celles qui servent encore aujourd’hui.

Pour moi, un indicateur important de ce changement a été l’acceptation de mes longues tresses, expression de mon héritage autochtone. Le règlement militaire autorise désormais les hommes autochtones à porter les cheveux longs, mais j’ai fait face au début à la résistance de mes pairs et de mes supérieurs, qui n’étaient pas habitués à voir cette tradition honorée en uniforme. Pourtant, aujourd’hui, nos diverses identités sont de plus en plus respectées, ce qui renforce les sentiments d’appartenance et de fierté dans les rangs.

Depuis 2021, je suis adjudant au sein du Royal Winnipeg Rifles, où l’identité et les traditions autochtones sont aujourd’hui reconnues. Notre unité comprend un groupe de tambours autochtones appelé The Warriors, un regroupement de soldats et soldates autochtones qui se soutiennent mutuellement et servent notre communauté. Ce groupe n’est pas qu’un symbole : il fait partie intégrante de la culture de notre unité et reflète les contributions uniques des membres autochtones à l’armée.

Portrait du professeur Robert-Falcon Ouellette, portant un blazer bleu clair, se tenant devant un fond en verre.

« Pour les vétérans et vétéranes autochtones, le service n’est pas seulement un devoir; c’est une vocation sacrée qui s’enracine dans la protection de notre peuple et de nos territoires. »

Robert-Falcon Ouellette

— Professeur à la Faculté d’éducation et vétéran des Forces armées canadiennes.

Notre unité rend également hommage au carabinier Nolan Caribou, un soldat autochtone qui s’est tragiquement suicidé en 2018 après avoir été victime de harcèlement. Sa mort a profondément marqué notre unité, suscitant une réflexion sur la manière dont nous pouvons mieux soutenir les soldats et les soldates, en particulier les soldats et soldates autochtones, et favoriser une culture qui valorise l’héritage et les défis uniques de chaque membre. Quand The Warriors jouent du tambour, nous nous souvenons de lui et nous nous efforçons de faire en sorte que les futurs soldats et les futures soldates obtiennent le soutien qu’il n’a pas eu.

La Journée nationale des vétérans autochtones est l’occasion de se souvenir des militaires autochtones qui ont servi dans tous les grands conflits, souvent en butte à la discrimination, tout en restant profondément attachés à la défense de leurs communautés et du territoire. C’est un rappel de la résilience intrinsèque à notre histoire, une résilience qui demeure alors que nous rendons hommage à celles et ceux qui nous ont précédés et à celles et ceux qui servent aujourd’hui. Pour les vétérans et vétéranes autochtones, le service n’est pas seulement un devoir; c’est une vocation sacrée qui s’enracine dans la protection de notre peuple et de nos territoires.